
Deuxième volet de notre diptyque sur le renouveau de l'anarchisme, consacré à la figure de Pierre-Joseph Proudhon, premier anarchiste et auteur d'une critique de la propriété, débattue et éclipsée, qui connaît aujourd'hui une vigueur nouvelle.
AvecCatherine Malabou Philosophe, professeure de philosophie au « Centre for Research in Modern European Philosophy » à l’Université de Kingston au Royaume-Uni
Vincent Valentin Professeur à Sciences-Po RennesPour en parler :
Catherine Malabou, Professeure de philosophie à l'université de Californie à Irvine. Elle a notamment publié :
Il n'y a pas eu de révolution : réflexions sur la propriété privée, le pouvoir et la condition servile en France, Rivages, 2024
Au voleur ! Anarchisme et philosophie, PUF, 2022
Le plaisir : clitoris et pensée, Rivages, 2020Vincent Valentin, Professeur à Sciences Po Rennes. Il est notamment l'auteur de :
Liberté, partout et toujours, anthologie publiée à l'occasion du bi-centenaire de la naissance de Proudhon, Les Belles Lettres, 2009
Une critique de la propriété privée : une reproduction du système féodal
Dans Qu’est-ce que la priorité ?, Pierre-Joseph Proudhon émet une critique de la propriété. Dans le système féodal, la vie économique était structurée par le droit d’aubaine structurait la vie économique : l’héritage était réservé aux seigneurs. “La Révolution française a instauré la propriété privée, donc en théorie le droit d’hériter pour tous”, explique Catherine Malabou. Or, “Proudhon montre qu'en réalité, les prolétaires n'ont rien à transmettre”. Ainsi, “la propriété c’est le vol”, affirme Proudhon.
Toutefois, “il n'est pas contre l'héritage : il est contre l'héritage utilisé comme moyen de pression sociale”. Cette approche complexe de l’héritage et sa théorie plus générale expliquent le fait qu’il est une sorte de “laboratoire entre deux tendances qui vont émerger, de l'anarchisme : d’un côté, l'anarcho-capitalisme et le libertarianisme, et de l'autre, l'anarchisme politique”.
Un héritage ambigu : entre libéralisme et anarchismeProudhon formule également ce qu’il nomme une “critique du préjugé gouvernemental” : c’est-à-dire qu’il critique l’idée selon laquelle “la société a besoin d’un commandement central pour exister”, indique Vincent Valentin. Or, pour Proudhon, il s’agit d’un simple “préjugé”. Cette critique plaît aux libéraux et aux libertariens : “les libéraux citent Proudhon, mais ne le citent pas du tout du côté de la critique des injustices de l'ordre produit par l'économie de marché, ils ne retiennent de lui que la critique de l'État”.
Proudhon exprime toutefois sa méfiance envers les libéraux, comme l’illustrent ses échanges avec Frédéric Bastiat, "économiste qui défendait les principes de l’économie de marché”. “Ce que Proudhon reprochait à Bastia, ce n’était pas tellement de ne pas comprendre les mécanismes même de l'échange ou de la concurrence, mais d’appliquer des principes abstraits qui sont justes en eux-mêmes à une situation sociale qui, elle, n'est pas juste, et qui n'est même pas le résultat de l'application des principes libéraux”.
by bakura693
3 comments
La seule raison pour laquelle les libéraux de radiofrance parlent de plus en plus d’anarchisme c’est la méconnaissance de l’anarchisme.
Ils pensent que les anarchistes sont un moyen de diviser la gauche et l’extrême gauche en les opposant aux communistes.
D’ailleurs tous les angles qui parlent d’anarchisme sur ces émissions ne parlent que de leur opposition au marxistes ou à l’Etat. Jamais de leur opposition au capitalisme allant même, parfois, jusqu’à l’utiliser pour justifier le libéralisme.
Par exemple l’auteur qui considère Proudhon comme un “penseur libéral”.
En tant qu’anarchiste ce white washing me donne de grosse envies de revenir aux racine de la propagande par le fait pour dissiper leurs mensonges et propagande.
Juste pour ceux qui ne le sauraient pas.
Tous les anarchistes sont pour l’abolition radicale et révolutionnaire du capitalisme partout.
Les premiers ennemis des anarchiste sont les libéraux et les monarchistes. Les communistes étaient leurs camarades et les désaccord étaient plus sur comment faire la révolution et ni sur le constat ni fondamentalement sur la solution.
A bas le capitalisme, à bas le libéralisme.
Étape suivante : relire Malatesta et Kropotkine !
Ben. Déjà faut que je les lise une première fois.