Mahir Guven, écrivain : « Parlera-t-on un jour du traumatisme vécu par les citoyens désignés comme indésirables par l’extrême droite ? »

2 comments

1. Nan mais c’est vrai. J’ai vraiment eu peur lors de ces élections. Ma mère est étrangère, je suis pas très claire, le RN souhaitait introduire une distinction entre les français et ceux qui seraient “juste binationaux” comme moi, et ma religion pose problème pour bcp de gens apparemment. Mais surtout, la libération de la parole raciste si le RN passait c’était peut-être ce qui m’inquiétait le plus. Le fait qu’il y ait autant de gens qui s’en foutent complètement—des gens que je connais— c’était aussi… Déprimant.
   Et là, on est juste sensés tourner la page, comme si c’était pas toute notre vie qui allait être bouleversée si le RN passait, quoi.

2. J’avoue, l’issue de l’élection était un soulagement mais je le vois comme un sursis.

   Alors oui, on me dit que ce n’est pas contre moi, vu que je suis “intégrée”. Mais contre qui, alors ? Mes parents ? Mes enfants ? Mon mari ? Mes amis ?

   Et c’est surtout cette indifférence qui me blesse. Oui, un vote RN est un vote contre moi. Et pourtant, beaucoup assument même devant moi, sans respect de ce que je peux ressentir.

   La haine est plus forte que l’empathie.