Jean-Philippe Derosier, constitutionnaliste, sur la nomination du PM – 11/09/2024



by AnyResidentOps

7 comments
  1. Moi ça me peine pas mal ce mea-culpa qui semble avoir lieu actuellement dans les médias. C’est pas après coup qu’on a besoin d’analyses et de discussions profondes sur le choix des sujets, le fond des sujet, leur traitement, etc…

    Bref, je trouve ça vachement facile de jouer sur les deux tableaux. J’agite les bons chiffons et ensuite je pointe du doigt que, quand même, c’était pas très bien.

  2. “Le peuple souverain a apporté une clarification” comme il dit : la coalition de gauche est arrivée première, le RN est arrivé 3e grâce à un barrage républicain massivement suivi (et dont même les partis qui ne l’ont pas fait comme LR ou mal fait comme LREM ont bénéficié), et effectivement le président, membre de la deuxième formation politique, a outrepassé ses fonctions uniquement nominatives pour *choisir* un PM dans les rangs de la quatrième formation politique à l’assemblée pour contenter la troisième formation politique.

    C’est important ce rappel qu’il fait : le PR **ne choisit pas** le PM, il le *nomine*, et traditionnellement dans les rangs de la plus grande majorité, là il a choisi de ne pas négocier avec la gauche pour préserver l’intégrité de son bilan et de ses réformes, par pur gain politique, et s’est allié avec les forces arrivées derrière électoralement, hors de toute coalition, juste pour contourner la première force politique du pays. C’est même pas une alliance pour des valeurs et idées communes (le RN avait dans ses papiers l’abolition de la réforme des retraites et l’augmentation du SMIC jusqu’à la veille de l’élection), ils ne se sont même pas accordés sur un programme commun avec la droite et l’extrême droite, c’est purement une alliance contre la gauche et ses idées et valeurs (et donc, son programme).

    C’est comme [l’entrée de l’état d’urgence dans le droit commun](https://www.avocatparis.org/actualites/letat-durgence-dans-le-droit-commun-quand-lexception-devient-la-regle-au-mepris-des) : c’est extrêmement grave, ça sape les fondements même de la démocratie et des libertés fondamentales, et tout le monde à part la gauche (+ quelques experts type Quadrature du net, avocats, constitutionnalistes, etc.) a l’air de s’en battre royalement les couilles, les mots n’ont jamais eu aucun sens, ils ne les ont jamais investis que d’un sens totémique, dans le fond la “stabilité” et la “démocratie” pour eux ça veut juste dire le libéralisme au pouvoir, les affaires qui continuent pour les plus riches, tout le reste c’est accessoire et modulable au gré des vents, il n’a jamais été question de laisser le peuple choisir, on l’abrutit de propagande pour qu’il “vote bien” et le jour où il “vote mal” (l’exemple le plus éloquent dans le genre jusqu’à présent c’était [le traité de Rome II](https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9f%C3%A9rendum_fran%C3%A7ais_sur_le_trait%C3%A9_%C3%A9tablissant_une_Constitution_pour_l%27Europe) qui a mis un coup de frein à main à l’idée même de faire des référendums en France) bah on fait comme si de rien n’était et on invente des règles ou des explications pour contourner un résultat pourtant clair.

  3. Parfaitement analysé. C’est le pire virage du macronisme alors qu’il était déjà sur une bien mauvaise pente.

  4. Si je suis d’accord sur le non respect du résultat des urnes, le problème réside plutôt dans le fait que le Président *puisse* agir ainsi et ce sont les mécanismes de la Ve qu’il faut changer. Autrement, c’est une analyse que je trouve particulièrement ridicule que de qualifier le RN de *grand perdant* alors qu’ils ont quasiment doublé leur siège à l’assemblée en 2 ans et qu’ils étaient à moins d’une dizaine (de mémoire) en 2017. Ils ne sont pas une alliance, je crois d’ailleurs que ces résultats-là placent le RN comme premier parti de France. Sacrés perdants.

  5. Je pense que ce monsieur a été assez clair dans ses propos pour montrer du doigt cette aberration

  6. A gauche, tout le monde hurle au non respect de la constitution, à une manoeuvre anti-démocratique, au non-respect du choix du vote du peuple, etc…

    Le peuple, dans le contexte actuel, je trouve pas que ce soit la panacée : le peuple a élu à l’assemblée nationale 2/3 de bourgeois conservateurs qui n’ont aucun intérêt de classe à oeuvrer pour plus de justice sociale. L’accumulation de toujours plus de capital pour 10% de la population au détriment des 90% restants, ça leur va parfaitement.

    Par ailleurs, si le FN était passé en tête, aurait-on poussé les mêmes cris d’orfraie ? Aurait-on appelé avec autant d’énergie au respect du choix du peuple ?

    Un peuple éclairé, non manipulé, qui vote majoritairement pour le bien commun, pourquoi pas. Un peuple qui vote majoritairement contre son intérêt de classe par réappropriation de l’intérêt de la classe dominante (dû à un endoctrinement / biberonnage aux médias de masse acquis à la classe dominante), ça ne me fait pas spécialement rêver.

    Alors comment ce sortir de ce marasme ? Par les institutions ? Par d’autres moyens ?

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