Note : avant septembre 2023, la NISRF (Force de renseignement, surveillance et reconnaissance de l’OTAN) était connue sous le nom d’« AGS » (Force OTAN de la capacité alliée de surveillance terrestre). Cette ancienne appellation est utilisée jusqu’à cette date dans l’historique ci-après.
Le programme AGS, dont l’idée avait été émise par le Comité des plans de défense en 1992, débuta sous la forme d’une initiative d’acquisition de capacités en 1995, lorsque les ministres de la Défense des pays de l’OTAN décidèrent que l’Alliance devait poursuivre les travaux visant à se doter d’une capacité centrale minimale essentielle appartenant à l’OTAN et exploitée par elle, complétée par des moyens nationaux interopérables.
Le programme AGS devait fournir à l’OTAN une capacité de surveillance terrestre complète et intégrée, qui offrirait à l’Alliance et à ses pays membres un accès rapide sans restriction et sans filtrage à des données de surveillance terrestre, et ce de manière interopérable. Il devait comprendre un segment air constitué de capteurs radars aéroportés et un segment sol composé de stations terrestres fixes, transportables et mobiles pour l’exploitation et la diffusion des données, le tout devant être interconnecté de manière parfaitement continue par des liaisons de données à haute performance.
Initialement, la capacité AGS devait être basée sur un ou plusieurs types de moyens de surveillance terrestre existants ou en développement dans les pays membres de l’OTAN. Par la suite, des propositions de développement de systèmes basés sur des radars américains ou européens furent également prises en compte. Aucune de ces approches n’obtint cependant des Alliés un appui suffisant pour être mise en œuvre, et, en 2001, le Conseil de l’Atlantique Nord décida de redynamiser l’AGS par un programme de développement accessible à tous les pays de l’OTAN et par le développement parallèle du TCAR (radar AGS développé en coopération transatlantique).
En 2004, l’OTAN passa à une approche dite de « flotte mixte » : le segment air devait être constitué d’aéronefs avec équipage embarqué, des Airbus A321, et de drones Global Hawk, tous embarquant des versions du TCAR, tandis que le segment sol se composerait d’un vaste ensemble de stations fixes et déployables.
En raison d’une contraction des budgets de défense européens, l’OTAN abandonna en 2007 cette approche de flotte mixte, et décida de se diriger plutôt vers un système AGS simplifié, dans lequel le segment air serait basé sur le drone Global Hawk Block 40 standard équipé du capteur MP-RTIP. Le segment sol, qui serait en grande partie développé et mis en place par l’industrie européenne et canadienne, serait pratiquement inchangé, ses caractéristiques fonctionnelles et opérationnelles étant globalement indépendantes du vecteur et du capteur mis en œuvre.
En février 2009, les Alliés participant au programme AGS entamèrent le processus de signature du mémorandum d’entente du programme, étape importante dans la concrétisation d’une capacité essentielle du point de vue opérationnel, et dont l’OTAN avait un besoin urgent. L’Agence de gestion de l’AGS de l’OTAN (NAGSMA) a été créée en septembre 2009, après que tous les pays participants eurent approuvé le mémorandum d’entente cadre, document de référence pour l’acquisition de cette nouvelle capacité OTAN.
Le sommet de Lisbonne, en 2010, constitua une autre étape importante pour le programme AGS : le concept stratégique de l’Alliance a en effet reconfirmé le criant besoin opérationnel d’une capacité AGS appartenant à l’OTAN et exploitée par elle, et l’AGS figurait dans le paquet de Lisbonne regroupant les besoins capacitaires les plus pressants de l’Alliance.
Le 3 février 2012, le Conseil de l’Atlantique Nord décida d’une ligne d’action pour la prise en charge collective des coûts liés à l’exploitation de l’AGS au profit de l’Alliance. La décision de recourir à un financement commun OTAN pour l’infrastructure, les télécommunications par satellite, l’exploitation et le soutien permettait d’envisager l’attribution du marché relatif à l’acquisition de l’AGS. En outre, un accord fut trouvé pour que le système Sentinel du Royaume-Uni et le futur système Heron-TP de la France soient mis à disposition comme contributions nationales en nature remplaçant partiellement l’apport financier de ces deux Alliés. En 2012, en marge du sommet de Chicago, les pays de l’OTAN franchirent une étape importante vers la mise en place d’une capacité de surveillance et de reconnaissance terrestres appartenant à l’OTAN et exploitée par elle : le contrat d’acquisition du système AGS était signé le 20 mai, ouvrant la voie à la fourniture d’une capacité vitale au profit de l’ensemble des Alliés. La NAGSMA, agissant pour le compte des 15 pays acquéreurs, a attribué le contrat principal du système à la société Northrop Grumman. Airbus Defence and Space (Allemagne), Leonardo (Italie) et Kongsberg (Norvège), ainsi que de grandes entreprises du secteur de la défense de l’ensemble des pays acquéreurs, figuraient au nombre des sous-traitants de premier rang et contribuaient ainsi à la livraison du système AGS. Ce contrat portait sur l’achat et sur l’exploitation et la maintenance initiales de drones équipés de capteurs radars de surveillance terrestre évolués.
Le drone de l’AGS, c’est-à-dire le RQ-4D, qui est dérivé du Global Hawk Block 40 de l’armée de l’air des États-Unis, a été spécialement adapté aux exigences de l’OTAN afin que l’Organisation dispose d’une capacité ultramoderne de renseignement, de surveillance et de reconnaissance.
En septembre 2015, l’AGS a franchi plusieurs étapes importantes, telles que le premier essai au sol du premier RQ-4D de série et l’activation de la force AGS de l’OTAN, qui signifiait que les Alliés avaient officiellement approuvé la configuration (effectif, structure hiérarchique, etc.) de l’unité chargée d’exploiter le RQ-4D depuis la base aérienne de Sigonella.
Entre septembre et décembre 2015, d’autres étapes importantes ont été franchies :
la station au sol générale mobile (MGGS) et la station au sol générale transportable (TGGS) ont été inaugurées ;
le premier vol d’essai du premier RQ-4D a eu lieu à Palmdale, en Californie ;
l’AGS a participé avec succès à l’exercice Trident Juncture 2015, depuis le banc d’essai de la capacité AGS de l’OTAN aux Pays-Bas.
Entre 2016 et 2019, un certain nombre de vols d’essai visant à développer et à tester plus avant l’AGS ont été effectués, notamment, fin 2017, le premier vol piloté à distance depuis la base d’opérations principale de Sigonella.
L’infrastructure AGS temporaire a été mise en place en 2018 et 2019 à Sigonella, et la construction des installations permanentes s’est achevée en 2022.
La formation des pilotes, des analystes JISR, des opérateurs capteurs et des maintenanciers a lieu à la base d’opérations principale de Sigonella. Ce centre de formation OTAN de premier plan compte une équipe d’instructeurs qui forme les équipages de mission et les pilotes à l’aide de simulateurs, et il peut accueillir environ 80 stagiaires par an.
Le premier des cinq drones RQ-4D de l’AGS a atterri à Sigonella, sa nouvelle base, le 21 novembre 2019. Ce premier vol de convoyage entre les États-Unis et l’Italie a marqué une étape importante dans la mise en œuvre de ce qui est un grand projet multinational d’acquisition d’équipements de pointe. S’en est suivie une phase de vérification des performances du système, qui visait à s’assurer de la pleine conformité de ce dernier avec les exigences de l’OTAN. Le deuxième drone a atterri à Sigonella le 19 décembre 2019, suivi des trois autres le 15 juillet, le 26 juillet et le 12 novembre 2020.
La remise du système complet à la Force OTAN de l’AGS a débuté en novembre 2020. La capacité opérationnelle initiale a été atteinte le 15 février 2021. La remise complète s’est terminée le 31 mars 2022, date à laquelle les 15 pays acquéreurs de l’AGS, organisés dans le cadre de la NAGSMA, ont transféré ces moyens à l’ensemble des Alliés et à la NSPA.
En septembre 2023, la Force OTAN de la capacité alliée de surveillance terrestre (AGS) a été rebaptisée « Force de renseignement, surveillance et reconnaissance de l’OTAN » (NISRF). Ce changement permet de refléter l’élargissement du périmètre de la NISRF, qui ne se limite plus à la surveillance terrestre, mais englobe également une capacité essentielle d’analyse du renseignement (traitement, exploitation et diffusion aux Alliés).