Quatre jeunes du pays d’Auray, ont navigué en Europe du Nord pour étudier les éoliennes en mer

Comment est né ce projet ?

Ça a commencé avec Sophie, en année de césure, qui avait l’idée d’une transat. Elle cherchait un skipper, sur le plateau de Saclay, à AgroParisTech. Benjamin lui a répondu. Ils ont revu le projet initial, en mars 2022 et se sont dit qu’ils pourraient étudier les énergies renouvelables à la voile. Ils avaient l’idée du documentaire, c’est comme ça qu’ils ont trouvé Louis. Et c’est lui qui m’a parlé du projet. Je venais d’être diplômée. Je voulais en apprendre plus sur la voile et sur les énergies renouvelables. À quatre, on s’est lancés dans ce projet de réaliser un documentaire sur l’éolien en mer, en Europe du Nord, via une expédition à la voile.

Comment l’avez-vous financé ?

Initialement, on avait besoin de 85 000 €. On ne les a pas trouvés avant de partir et on a dû réduire notre budget autour de 70 000 €. On a trouvé des financements à hauteur de 45 000 €. Pour le reste, on a dû avancer de notre poche et faire des emprunts. On continue à essayer de trouver des financements, mais c’est difficile maintenant qu’on est rentrés. Alors on mise sur la diffusion pour récupérer des fonds. Le bateau était mis à disposition par une association, on a payé les réparations. Le budget servait au matériel audiovisuel, places dans les ports, casse en mer, les déplacements…

Après avoir défié les mers et lacs du Nord, ici, au Loch Ness, les membres du quatuor souhaitent s’ancrer dans leur territoire et profiter de leur entourage. Avant, peut-être, de repartir un jour. (WATTer)Quel a été le parcours ?

On devait partir cinq mois, mais on a pris du retard à cause des réparations. On a dû changer notre itinéraire. On est partis direction la Belgique, les Pays-Bas. Puis Danemark, Norvège. On a traversé les Shetland en Ecosse, avant l’Irlande, les Pays de Galles et l’Angleterre. On est rentrés en France mi-août.

Votre but était de rencontrer des politiques, des associations, des pêcheurs… Pour avoir leur avis sur l’éolien en mer. Qu’en retenez-vous ?

Les retours sont extrêmement différents d’un pays à l’autre. De manière globale, les assos et les scientifiques sont en faveur de l’éolien en mer, mais dans une moindre mesure, ils trouvent que ça va très vite et qu’on manque de recul. Les pêcheurs rencontrés sont globalement pour. Ils reprochent en revanche de ne pas être écoutés alors qu’ils estiment avoir un rôle pour prendre soin des océans. Côté politique, on a pu voir qu’en France, ils sont très centrés sur le pays, avec l’importance de la souveraineté énergétique. En Belgique et ailleurs, on pense Europe et coordination entre pays.

Durant les quatre mois, ils ont visité dix sites offshores et renouvelables en Europe du Nord. (WATTer)Quelles conclusions personnelles avez-vous tirées de ces quatre mois ?

On a vécu au gré des éléments. Il n’y a pas plus marquant en termes de réchauffement climatique que quand on est sur un bateau, parce qu’on est contraints par les éléments. On voit que si on n’a pas de pratiques vertueuses, on ne pourra plus se nourrir. Benjamin a choisi un métier dans l’énergie marine, alors qu’avant de partir, il hésitait avec l’énergie fossile. Louis était déjà plutôt dans l’environnemental. Moi je suis partie sur le développement du bio en Bretagne. Quant à Sophie, qui était dans l’agriculture aussi, elle a choisi de se spécialiser dans la gestion des déchets, parce que ça nous a marqués pendant le voyage.

Une grosse galère ou grande joie qui vous a marqués ?

Avant de partir, le bateau n’avait jamais navigué. On a essuyé une grosse tempête au Danemark et le lendemain, le moteur ne marchait plus. On gîtait, le moteur a pris l’eau, on a dû vidanger 200 litres de gasole, c’était horrible. On a cru que ça signait la fin de l’aventure ! Des grandes joies… Il y en a eu plein !

Pratique

« Watter, par la force du vent » sera présenté fin janvier 2025, en avant-première, au cinéma Ti Hanok, à Auray.