Des manifestants devant le Parlement à Tbilisi, le 2 décembre 2024. ZURAB TSERTSVADZE/AP/SIPA
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Des milliers de manifestants pro-UE se sont à nouveau rassemblés ce lundi 2 décembre au soir devant le Parlement à Tbilissi, la capitale de la Géorgie, avant d’être dispersés par la police, au cinquième jour d’une mobilisation d’ampleur dans ce pays du Caucase.
Le parti Rêve géorgien, au pouvoir depuis 2012 et accusé par ses opposants de dérive autoritaire prorusse, a déclenché jeudi ces protestations en repoussant à 2028 toute négociation d’adhésion avec l’UE – un objectif pourtant inscrit dans la Constitution de cette ex-république soviétique. Le gouvernement refuse toute négociation avec l’opposition.
Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Volker Türk, a exprimé lundi sa profonde inquiétude après les violences qui ont émaillé les manifestations des derniers jours, dénonçant un usage « disproportionné de la force » contre les protestataires.
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Lundi soir, devant le Parlement, épicentre des tensions, des manifestants serrés les uns contre les autres ont agité des drapeaux géorgiens ou européens, a constaté une journaliste de l’AFP. Comme la veille, les forces de l’ordre, parquées devant le bâtiment, ont utilisé des jets d’eau pour disperser les protestataires. Vers 22 heures locales, elles avaient repoussé par la force ceux qui occupaient la place face au Parlement. Quelques centaines de mètres plus loin, sur l’avenue Roustavi, elles ont aussi utilisé du gaz lacrymogène, selon un reporter de l’AFP.
Des manifestants ont, eux, lancé des feux d’artifice au-dessus des policiers protégés par des boucliers tandis que d’autres ont utilisé des lasers, dirigés vers les yeux, pour les empêcher de voir. Plusieurs milliers de manifestants pro-UE, selon des médias locaux, se sont également rassemblés dans la cité portuaire de Batoumi, la deuxième ville du pays.
Refus de négocier
Plus tôt, le Premier ministre géorgien, Irakli Khobadidzé, avait rejeté toute négociation avec l’opposition et assuré que son gouvernement ferait le « maximum d’efforts » pour intégrer son pays à l’Union européenne, alors qu’il avait lui-même annoncé la semaine dernière suspendre les ambitions d’adhésion.
Il a également agité le spectre d’une ingérence extérieure, soutenant que les manifestations étaient financées « depuis l’étranger ». Quoi qu’il en soit, « il n’y aura pas de révolution en Géorgie », a averti Irakli Khobadidzé.
Ce mouvement a lieu alors que l’autorité de son parti, Rêve géorgien, est très contestée par l’opposition, qui l’accuse d’avoir « volé » les législatives du 26 octobre.
Le pouvoir géorgien prend souvent comme contre-exemple l’Ukraine, envahie par les troupes russes depuis bientôt trois ans. Ses responsables accusent l’Occident de vouloir entraîner la Géorgie dans une guerre avec Moscou. Dans cette logique, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a tracé un parallèle entre la situation en Géorgie et la révolution de Maïdan en Ukraine en 2014.
Depuis le début des rassemblements, plusieurs dizaines de personnes – manifestants, journalistes et policiers – ont été blessées, parfois grièvement, selon les deux camps, même si le nombre exact n’a pas été clairement établi. Au total, 224 personnes ont été interpellées depuis jeudi, a indiqué le ministère de l’Intérieur dans un communiqué.
Les manifestants géorgiens ont reçu l’appui de Washington, Kiev et Bruxelles, qui ont notamment dénoncé l’usage de la force par la police. La Géorgie a obtenu officiellement le statut de candidat à l’adhésion à l’UE en décembre 2023, mais Bruxelles a depuis gelé le processus, accusant l’exécutif d’opérer un grave recul démocratique.