Invité de France 5 ce mercredi soir, l’ancien ministre de la Justice considère que le président de la République «n’est responsable de la situation actuelle qu’à 1/66 millionièmes, parce qu’il a une voix dans l’urne».
Peu sont les figures qui défendent encore l’usage surprise de la dissolution par le président de la République en juin 2024. Alors que la macronie a perdu sa majorité relative à l’Assemblée lors des législatives anticipées – convoquées dans la foulée de la défaite des européennes – et a été forcé de s’allier ensuite avec la droite pour barrer la route du pouvoir au NFP, Éric Dupond-Moretti continue de défendre contre vents et marées la décision d’Emmanuel Macron.
Invité mercredi soir de France 5, celui qui fut garde des Sceaux entre 2020 et 2024 juge que le chef de l’État «a eu raison» de recourir à l’article 12 de la Constitution. Et de s’appuyer sur les menaces de censure que faisaient déjà planer les oppositions sur le gouvernement Attal au printemps pour justifier ce couperet. Sans évoquer la chute de Michel Barnier qui a au final abouti au même résultat. «On lui reproche tout au président de la République. S’il décide seul, on dit que c’est Jupiter. S’il donne la parole aux Français, on dit que ça ne va pas non plus», souligne l’ancien ministre de la Justice, selon qui «la presse est loin d’être tendre avec lui».
«Il a une voix»
Saluant le geste qui a «donné la parole aux Français», Éric Dupond-Moretti préserve Emmanuel Macron dans son analyse de la «situation actuelle». En dépit d’une Assemblée sans majorité et ingouvernable, l’ancien avocat, qui montera sur scène dès février 2025 à Paris dans un spectacle consacré à son passage à la Place Vendôme, considère que le président «n’est responsable qu’à hauteur de 1/66 millionièmes, il a une voix dans l’urne». Faisant mine d’oublier que la Chambre basse serait nettement moins balkanisée sans les élections de juin et juillet derniers.
«Ce sont les Français qui ont choisi de renforcer Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen», a insisté l’ex-ministre de la Justice en référence aux progressions des deux blocs d’oppositions (gauche et droite nationaliste) qui ont réduit l’assise parlementaire du camp présidentiel entre 2022 et 2024.
Dans son allocution post-censure, Emmanuel Macron avait esquissé la semaine dernière un début de mea culpa sur la dissolution. S’il a reconnu dans un premier temps que «cette décision n’a pas été comprise» et reste un objet de «reproches» à son endroit, le président l’a qualifié d’«inéluctable» et de «nécessaire». Compte tenu du «vote aux européennes (qui) avait donné une large avance au RN et plaçait les extrêmes en tête» et des mises en garde des «nombreux responsables politiques annonçaient déjà la censure pour cet automne.» Une rhétorique parfaitement huilée mais qui n’est pas de nature à réconforter les dizaines de députés macronistes ayant perdu leur siège cet été.