Le plus grand producteur de charbon d’Ukraine, Metinvest BV, a annoncé suspendre ses opérations à Pischane près de Pokrovsk dans le Donbass. Les troupes russes ont aussi partiellement conquis le village de Shevchenko qui possède d’importantes réserves de lithium.

Ces derniers jours, les Russes ont avancé de plusieurs kilomètres vers la ville de Pokrovsk dans le Donbass, dont les faubourgs ne sont plus qu’à 3 kilomètres de la ligne de front. C’est un centre logistique clé pour les Ukrainiens, alors que la commune, qui comptait 60.000 habitants avant la guerre, est traversée par plusieurs routes, ainsi qu’une ligne de chemin de fer. Les Russes tentent d’envelopper Pokrovsk par l’ouest en suivant la rivière Solona et se sont emparés au moins partiellement de la localité de Shevchenko au sud de la ville. Or, le village suivant est celui de Pischane, qui compte plusieurs installations minières liées à l’exploitation du charbon.

D’ores et déjà, l’entreprise Metinvest BV, la plus importante du secteur en Ukraine, a annoncé jeudi 12 décembre dans un communiqué qu’elle suspendait les activités de son centre de production à Pischane en raison «de l’intensification des bombardements et du rapprochement de la ligne de front». Les membres du personnel ainsi que leurs familles ont été évacués du «puits de mine vertical n°3» ainsi que du «complexe administratif», précise le groupe. Ce site fournit à lui-seul la moitié du volume de charbon produit par Metinvest BV. «C’est la plus grande mine d’Ukraine et l’une des premières d’Europe», précise le quotidien Kyiv Independent.


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Le charbon, mais aussi le lithium 

La suspension de l’activité de cette mine pourrait avoir de graves conséquences pour l’économie de l’Ukraine, notamment sur la production d’acier, essentielle à l’économie de guerre, mais également aux exportations, principalement vers l’Union européenne. «Toute la métallurgie ukrainienne qui utilise des hauts fourneaux dépend de ce charbon», écrit Dennis Sakva, analyste auprès de la banque d’investissement Dragon Capital basée à Kiev, interrogée par Bloomberg. La production d’acier de l’Ukraine a chuté à 6,2 millions de tonnes l’année dernière, contre plus de 21 millions de tonnes avant l’invasion russe.

Mais ce n’est pas tout : le village de Shevchenko, déjà passé en partie sous drapeau russe selon plusieurs sources, possède quant à lui d’importantes réserves de lithium. Dès le début de l’invasion, lancée le 24 février 2022, les Russes s’étaient emparés d’un autre gisement de lithium, à Kruta Balka, plus au Sud.

L’or blanc fait partie des métaux rares, dont le prix a bondi ces dernières années, alors qu’il est devenu un composant essentiel des batteries fabriquées pour les véhicules électriques. Peu avant le déclenchement de la guerre en Ukraine, Svitlana Vasylenko et Uliana Naumenko, chercheurs de l’Académie nationale des sciences ukrainienne, avaient publié une étude dans laquelle elles estimaient que «l’Ukraine avait de grandes chances de devenir l’un des principaux producteurs de lithium au monde», sachant que ces réserves étaient notamment situées dans le Donbass, occupé aujourd’hui aux deux tiers par la Russie. 

Les deux scientifiques estimaient concrètement que les réserves ukrainiennes pourraient s’élever à 500.000 tonnes, soit plus que ce que possède le Portugal, qui détient actuellement les plus grands gisements d’Europe. À ce jour néanmoins, le lithium ukrainien n’est pas encore extrait. Plus largement, le magazine Foreign Policy, en 2022, estimait que l’Ukraine possédait «des gisements commercialement exploitables de 117 des 120 minéraux industriels les plus utilisés dans plus de 8700 gisements explorés». 


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