La semaine après, après le feu vert de la commission du Budget du Bundestag, le ministère allemand de la Défense a notifié à TAURUS Systems GmbH, filiale commune à MBDA et à Saab, un contrat relatif à la maintenance et à la modernisation des missiles de croisière air-sol KEPD-350 Taurus, d’une portée de 500 km.
« Les mesures mises en place garantiront la disponibilité opérationnelle de cette arme au moins jusqu’en 2045 », a précisé MBDA, via un communiqué diffusé le 20 décembre. « En plus de leur maintenance, les missiles Taurus bénéficieront de remises à niveau technologiques visant à répondre aux exigences croissantes entourant les systèmes d’armes modernes », a ajouté l’industriel.
Pour rappel, le KEPD-350 Taurus emporte une charge Mephisto [Multi-Effect Penetrator, HIgh Sophisticated and Target Optimised] de 495 kg à la vitesse maximale de Mach 0,95. La Bundeswehr en possède 600 exemplaires depuis 2010, dont 300 devaient être modernisés entre 2014 et 2020.
Quoi qu’il en soit, ces KEPD-350 Taurus sont au centre d’une controverse depuis que la France et le Royaume-Uni ont décidé de fournir des missiles SCALP EG / Storm Shadow aux forces aériennes ukrainiennes.
En effet, certains responsables politiques d’outre-Rhin estiment que Berlin devrait en faire autant avec le Taurus… Ce que le chancelier Olaf Scholz a toujours refusé, en évoquant le risque d’une « escalade » avec la Russie. Et même l’idée de livrer ces missiles au Royaume-Uni afin de lui permettre de fournir davantage de Storm Shadow à l’Ukraine n’a pas trouvé grâce à ses yeux.
D’où les critiques du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, à l’endroit du chancelier allemand, lequel s’était aussi montré réticent à autoriser la livraison de chars Leopard 2 à Kiev avant de donner finalement son accord.
Outre la question des missiles Taurus, M. Zelensky s’en était pris à M. Scholz en novembre, après celui-ci avait eu une échange téléphonique avec Vladimir Poutine, le chef du Kremlin. Le chancelier allemand « a ouvert une boîte de Pandore », avait-il estimé.
Alors que l’Allemagne arrive en tête des pays européens pour son soutien à l’Ukraine, le secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte, a estimé que les critiques du président ukrainien à l’égard de M. Schoz étaient « injustes ».
« J’ai souvent dit à [Volodymyr] Zelensky qu’il devrait arrêter de critiquer Olaf Scholz car je pense que c’est injuste », a en effet déclaré M. Rutte, à l’occasion d’un entretien donné à l’agence de presse allemande DPA, ce 23 décembre.
« M. Scholz a contribué à faire de l’Allemagne le deuxième pays au monde en termes de soutien militaire à Kiev, après les États-Unis. C’est une chose pour laquelle l’Ukraine peut être reconnaissante », a-t-il ajouté.
Reste que M. Zelensky a la circonstance atténuante d’être à la tête d’un pays envahi par un voisin pouvant compter non seulement sur ses immenses ressources, mais aussi sur celles de la Corée du Nord et de l’Iran. Aussi, alors que la situation sur le front est compliquée pour ses troupes, on peut comprendre son impatience.
Cela étant, pour sa part, et contrairement au chancelier Scholz, l’ancien Premier ministre néerlandais s’est dit favorable à la fourniture de missiles Taurus à l’Ukraine. Et cela, sans aucune restriction d’emploi. « En général, nous savons que ces capacités sont très importantes pour l’Ukraine », a-t-il affirmé, avant de rappeler qu’il ne lui appartenait pas de décider la nature de l’aide que les alliés peuvent fournir à Kiev.