Un attroupement confus. De la colère, voire de la rage, visible sur certains visages. Et des coups qui pleuvent. Les photos prises de cette fin de match, dimanche, au stade Henri-Robin à Rochefort disent à la fois beaucoup et peu de la violence de ces quelques minutes. « On a l’habitude d’entendre dire que tout le monde veut se faire Plaisir dans ce championnat. Mais ce qu’il s’est passé là, c’est très grave », s’indigne, plus de 24 heures après, le manager des rugbymen des Yvelines, Sébastien Roncalli.

Dimanche, lui et ses joueurs, leaders de leur poule de Fédérale 2, ont pris la route de la ville de Charente-Maritime pour disputer leur ultime match de l’année avant la trêve. Une rencontre, où Plaisir mène rapidement, qui se tend très vite. « On a eu deux arbitres officiels pas au niveau, beaucoup d’accrochages n’ont pas été sanctionnés », déplore le technicien de Plaisir.

« Des coups de pied à des joueurs au sol »

L’ailier des Franciliens, Yacoub Beugre, se fait expulser dès la première période. « Un coup de poing au visage », dénonce le manager de Rochefort, Mathieu De Pauw. Mais le premier tournant, et peut-être l’un des éléments qui explique le chaos de la fin du match, se joue à l’heure de jeu. Un amas de joueurs se forme après une nouvelle explication et des insultes, une bagarre se déclenche. Le manager de Plaisir assure avoir vu l’un des arbitres de touche, issu des rangs de Rochefort, venir donner des coups de poing dans le regroupement d’hommes sur la pelouse. Un carton rouge, le deuxième des Franciliens, de chaque côté.

Un dernier accrochage, entre l’arrière de Plaisir Hugo Taillandier et un deuxième ligne de Rochefort se solde par un jaune pour le joueur de Charente-Maritime. Fin du match, et victoire 14-3 pour Plaisir. « Là, tout le monde commence à se serrer la main, même s’il y a de la tension, raconte Sébastien Roncalli. Mais un des entraîneurs adjoints de Rochefort, excité du début à la fin du match, part en courant depuis son banc et vient agripper mon arrière et le secoue fortement. Leur numéro 5 vient à son tour et lui met un gros coup. »

Une mêlée confuse se forme alors rapidement. L’un des adjoints de l’équipe réserve de Plaisir vient faire bouclier avec son corps pour protéger Hugo Taillandier. Plusieurs spectateurs descendent des tribunes pour se joindre à la bagarre générale, une version confirmée par le quotidien Sud Ouest. « J’ai vu des gens de chez eux envoyer des coups de pied à certains de nos joueurs au sol, s’indigne Sébastien Roncalli. Ce moment m’a paru durer très longtemps, ça aurait pu très mal finir. On a essayé de protéger nos joueurs, j’ai eu peur pour eux. »

Après quelques minutes, les joueurs et le staff de Plaisir arrivent à quitter la pelouse pour aller se réfugier dans leur vestiaire. « Là, on entend rapidement dire qu’ils veulent choper le 15 (l’arrière Hugo Taillandier). On a décidé de ne pas aller à la réception d’après-match et de repartir tout de suite, poursuit Sébastien Roncalli. Mes joueurs ne sont pas innocents sur ce match, les cartons rouge sont justifiés, et je sais que mon arrière aime bien chambrer. Mais là, c’est allé beaucoup trop loin. »

Rochefort dénonce des insultes à l’encontre de ses joueurs

Selon son manager, Hugo Taillandier compte porter plainte. « Il a été agressé, c’est normal », soutient son technicien. Rochefort affirme, sans vouloir justifier les coups, que ce joueur a passé une partie du match à chambrer et insulter les adversaires et le staff adverses.

« Nous, on a été traumatisés par cette fin de match, souligne Sébastien Roncalli. En face de nous, j’ai vu des gens devenir fous, incontrôlables. Mon ostéopathe a fini en larmes dans le vestiaire. On ne veut pas en rester là, ça n’est pas normal. » Le club des Yvelines affirme avoir des vidéos pour prouver sa version, et a l’intention d’écrire au secrétaire général de la Fédération française de rugby pour réclamer des sanctions.

« Pour provoquer, il faut être deux mais on n’est pas une équipe à le faire pour en arriver à ce qui s’est passé aujourd’hui », affirme l’un des entraîneurs de Rochefort, Julien Audy, à Sud Ouest. « On a perdu contre Saint-Malo à domicile, il ne s’est rien passé cette saison, lance Mathieu De Pauw. Des joueurs en tribunes ont entendu des retourne sur ta pirogue pour parler de nos joueurs iliens. On a perdu nos nerfs en fin de match, et on doit travailler dessus. Mais on se fait insulter et chambrer, ça n’est pas les valeurs du rugby. On nous fait passer pour un club violent, c’est inacceptable. »