Le préfet de Corse, Jérôme Filippini a pris, mardi 24 décembre, un arrêté de fermeture administrative temporaire de deux mois de l’établissement Le Lamparo dans lequel s’est déroulée une fusillade mortelle mardi 23 décembre. Plusieurs considérants motivent cette décision. Ils mettent en exergue le lien direct entre une série d’actes criminels survenus dans cette brasserie et les conditions d’exploitation et la fréquentation de l’établissement. La fermeture vise à éviter la répétition de “troubles graves à l’ordre public”.

L’arrêté rappelle la tentative d’homicide volontaire par arme à feu, requalifiée en violences avec armes, dont a été victime l’un des gérants de la brasserie dans la soirée du 15 novembre 2024, à quelques mètres de l’établissement. “À l’origine de ces violences, est-il précisé, une dispute entre clients sur la terrasse de la brasserie, dégénérant en rixe sur la voie publique.” Or ces faits n’ont été connus des services de police “qu’indirectement et tardivement, le 16 novembre, sans avoir été prévenus ni par la victime, ni par les témoins, ni par les services d’urgences”.

Autres motifs de fermeture : le drame du 23 décembre, “alors que l’établissement connaissait une très forte affluence, estimée à une centaine de clients” et l’enquête judiciaire ouverte par le Procureur de la République près le Tribunal judiciaire d’Ajaccio pour “violences avec arme” et “assassinat et tentative d’assassinat”.

Manquement de la direction et du personnel pour prévenir la réitération d’actes criminels

La préfecture considère “que les actes criminels précités, en tant qu’ils se déroulent dans et à proximité de l’établissement et qu’ils impliquent la direction, le personnel et les clients du débit de boissons, sont en relation directe avec les conditions d’exploitation et la fréquentation de l’établissement ; que, dès lors, la gestion de ce commerce constitue une source de troubles graves à l’ordre et à la tranquillité publics du fait des actes criminels et délictueux qui s’y sont déroulés”.

À l’occasion de ces deux faits, est-il encore argumenté “ni les gérants, ni les personnels de l’établissement n’ont démontré la mise en œuvre d’actions visant à prévenir la réitération de tels faits, ils n’ont notamment pas coopéré dans le cadre des enquêtes en cours au signalement d’actes criminels commis au sein et à proximité de l’établissement ni à l’identification de leurs auteurs, au regard de la répétition d’actes délictueux graves dans un délai court, le risque de réitération est important.”

Troubles graves à l’ordre public

Aucune procédure contradictoire à cette fermeture administrative n’a été mise en œuvre, en raison “des circonstances exceptionnelles et de l’urgence dont relève la fermeture administrative de l’établissement, visant à faire cesser et à éviter la répétition de troubles graves à l’ordre public dans une période de forte fréquentation des débits de boissons à l’occasion des fêtes de fin d’année et face à un risque important de représailles identifié par les forces de sécurité intérieure”.