Le photographe Guillaume Perret, poète du nu dans un camping

Publié le 27 décembre 2024 à 13:57. / Modifié le 27 décembre 2024 à 13:58.

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C’est un magazine romand qui l’a envoyé dans ce camping vaudois. La commande indiquait: travailler sur le corps, sa représentation, sa mise en situation intérieure et dans l’espace. Voilà qui n’était pas pour lui déplaire. Guillaume Perret aime à photographier l’ossature humaine, sèche, enveloppée, tonique, altérée, sculptée, flasque. En 2018, il est le photographe suisse de l’année pour une série de portraits. Couples dénudés, enlacés, de tous âges, tous genres, toutes formes. Titre: Amour. «Pour tenter de relier les trois éléments qui échappent encore à la priorité du rationalisme, l’art, l’amour et le fonctionnement du cerveau afin d’exalter l’indicible», écrivait-il en exergue.

Cette année, le Swiss Press Photo Award lui a décerné le prix de la catégorie Vie quotidienne pour sa série LUX réalisée dans le camping vaudois. LUX est aujourd’hui un livre. Lorsqu’il s’est rendu pour la première fois chez les campeurs, une femme lui a spontanément ouvert la porte de sa caravane et s’est mise à nu. «Libre, détachée du souci des apparences, elle sera mon guide au fil des saisons», consigne-t-il dans son ouvrage. En le raccompagnant après la séance, elle se vante à la volée que ce photographe l’a «shootée à poil». Quelques jours plus tard, Guillaume Perret reçoit un appel de cette même femme: d’autres habitués du camping veulent eux aussi poser. «Ils avaient jeté un coup d’œil à mon site et apprécié, entre autres, mon travail sur la nudité», relate Guillaume. Le Neuchâtelois y retourne. On lui tend une liste avec les noms, les numéros d’allée, les horaires calés pour les rendez-vous. Il fera le trajet une trentaine de fois. «Je leur ai dit que j’étais un artiste, que la photo était mon métier, que je pourrais utiliser les images pour un livre ou une exposition. Ils ont adhéré», dit-il.