Guerre au Proche-Orientdossier

Un bébé de trois semaines est mort ce dimanche 29 décembre en raison du froid, ont annoncé les autorités sanitaires de l’enclave, alors que le dernier hôpital fonctionnel du nord de la bande a été bombardé et vidé, provoquant la «consternation» de l’OMS. Israël affirme avoir démantelé un centre de commandement du Hamas.

Il s’appelait Joumaa et il avait moins de trois semaines. Ce dimanche 29 décembre, le ministère de la Santé de Gaza, contrôlé par le Hamas, a indiqué que le bébé était mort en raison du «froid intense». La pluie et des températures au-dessous de 10 °C, la nuit, frappent le territoire depuis quelques jours. Joumaa al-Batran a un frère jumeau, transféré dans un hôpital local, selon l’AFP.

Marwan al-Hamas, responsable des hôpitaux de campagne à Gaza, a confirmé la mort du bébé de 20 jours et indiqué que cinq nourrissons étaient morts ces dernières semaines dans la bande côtière palestinienne «en raison du froid». «Il n’y a ni électricité ni eau chaude, ni gaz, ni chauffage, ni nourriture, a déploré à l’AFP Yahya al-Batran, le père du bébé. Mes enfants meurent sous mes yeux et personne ne s’en soucie. Joumaa est mort et je crains que son frère ne le suive.»

Le 20 décembre, une porte-parole de l’Unicef, Rosalia Bollen, tirait une énième sonnette d’alarme lors d’une conférence de presse à Genève. «Les enfants à Gaza ont froid, sont malades et traumatisés. La faim et la malnutrition, associées aux conditions de vie dramatiques, continuent à mettre les vies des enfants en danger», a-t-elle déploré. «A l’heure actuelle, plus de 96 % des femmes et des enfants à Gaza ne peuvent rassembler leurs besoins nutritionnels de base. La plupart survivent sur des rations de farine, lentilles, pâtes et boîtes de conserve – un régime qui mine peu à peu leur santé.»

La plupart des habitants de Gaza ont été déplacés, leurs habitations détruites, ils vivent sous des tentes, des abris de fortune lorsque les conditions météorologiques sont dégradées, comme en ce moment. «En novembre, une moyenne de 65 camions d’assistance est entrée dans Gaza, à comparer avec les 500 camions qui entraient quotidiennement dans l’enclave avant la guerre, alors que Gaza disposait encore d’une capacité propre de production alimentaire», avait ajouté Rosalia Bollen. «La majorité de la partie nord de Gaza fait l’objet d’un siège presque total depuis soixante-quinze jours», déplorait-elle.

Directeur de l’hôpital arrêté

Le nord de la bande de Gaza continue à être régulièrement bombardé. Au cours des trois derniers jours, une opération israélienne ciblée a visé l’hôpital Kamal Adwan, dernier grand établissement hospitalier fonctionnel dans le Nord, situé à Beit Lahia. Samedi 28 décembre, l’Etat hébreu a annoncé avoir arrêté le directeur de l’hôpital où, affirme-t-il, se dissimulait un centre de commandement du Hamas palestinien. Selon Tel-Aviv, des combattants du Hamas et du Jihad islamique agissaient dans et autour de l’établissement. L’hôpital est désormais «vide» et «hors service», a déclaré l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui s’est dite «consternée».

Le directeur de l’hôpital, le Dr Hossam Abou Safiya, «suspecté d’être un terroriste du Hamas», a été arrêté aux côtés de plus de 240 autres personnes. «C’est le nombre de terroristes auquel on s’attendait, a déclaré le porte-parole de Tsahal, Nadav Shoshani. On ne s’attendait pas en revanche à trouver des milliers d’armes.»

Depuis le 6 octobre, l’armée israélienne a intensifié son offensive terrestre et aérienne dans le nord de la bande de Gaza pour empêcher selon elle le regroupement de combattants du Hamas. Elle accuse régulièrement ces derniers de se servir des hôpitaux comme base pour préparer et lancer des attaques contre ses troupes.

Selon le dernier bilan, considéré comme plutôt fiable, du ministère de la Santé contrôlé par le Hamas, 45 484 Palestiniens, essentiellement des civils, ont péri depuis les représailles lancées après l’attaque terroriste du Hamas en Israël le 7 octobre 2023. Cette attaque avait tué près de 1 200 Israéliens, la plupart des civils. Quelque 250 autres – hommes, femmes, enfants, personnes âgées – avaient été kidnappés. A ce jour, 96 sont toujours otages à Gaza, sans que l’on sache exactement combien sont encore en vie.