« J’ai eu une réaction humaine » : un quadragénaire ivre s’en prend à son père et à des policiers la nuit de la Saint Sylvestre

« Une énigme. » Audience déroutante, ce jeudi 2 janvier 2025, au tribunal de Lorient. Âgé de 47 ans, un habitant de Larmor-Plage (56) était poursuivi pour des violences commises – en état d’ivresse – à l’encontre de son propre père et de trois policiers venus l’interpeller la nuit de la Saint-Sylvestre. Sans travail depuis plusieurs années, le quadragénaire vit depuis deux ans dans un grenier, au domicile de ses parents. Stoïque dans le box, le prévenu ne semble pas prendre la mesure des faits qui lui sont reprochés. « J’ai eu une réaction humaine de quelqu’un d’énervé », lâche-t-il au moment d’évoquer son passage à l’acte.

« Une énigme »

Dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier, alors que sa famille est sur le point d’aller se coucher, cet ébéniste de formation commence à jouer du djembé. Ses neveux se plaignent, ce qui entraîne l’intervention du père du prévenu, âgé de 72 ans. Confronté à l’ivresse de son fils et à des propos incohérents, le septuagénaire lui assène un claque. « À partir de là, je réplique », retrace le prévenu. Une gifle est renvoyée, puis une bousculade fait chuter dans les escaliers, le père qui finit en contrebas, du sang s’écoulant de son oreille.

Les parents décident alors d’appeler la police. Quand les fonctionnaires arrivent, la situation se tend de nouveau. Le quadragénaire balance un tréteau en bois sur les policiers, et se débat lors de son interpellation. Une fois dans la voiture, il porte un coup de genou au visage d’un agent. Blessé, ce dernier écope de huit jours d’interruption temporaire de travail.

« Je ne voulais pas me laisser faire. C’est une réaction naturelle », poursuit le prévenu d’un ton arrogant. « Je vous laisse juge de tout ça », rétorque la présidente. « Ce qui est inquiétant, c’est qu’il n’y a aucune remise en question », appuie Me Frantz Faivre, avocat des policiers. Le procureur de la République, Bastien Diacono, lui, évoque une « énigme » en parlant du prévenu, dont les « problèmes d’alcool » sont « réels ». « On a l’impression qu’il est jugé pour simplement avoir haussé le ton et s’être emporté. Il y a un vrai décalage entre les faits et son détachement durant l’audience », insiste-t-il.

« Il n’a pas de vie »

« On a un peu de mal à le cerner, reconnaît le conseil du quadragénaire, Me Christophe Cossonnet. Cet homme n’est rien. Il n’a pas de travail, pas de domicile, pas d’enfant, pas de compagne, pas d’ami… Il n’a pas de vie. On sait juste qu’il passe ses journées dans sa chambre à boire et à fumer. » Vivant « aux crochets » de ses ascendants, son client ne bronche pas, le regard plongé dans le vide. « Si, la seule chose qu’il a, ce sont ses parents. Ce ne serait pas l’aider de couper tout contact avec eux. » Le tribunal a décidé de le condamner à douze mois de prison totalement assortis d’un sursis probatoire pendant deux ans. Il aura obligation de suivre des soins, de travailler, d’indemniser les victimes et à interdiction de paraître au domicile de ses parents. L’interdiction de contact n’a pas été prononcée.