Depuis le milieu des années 2000, on observe une explosion des procédures de filiation à l’encontre de nombreuses personnalités dans le monde : Chris Rock (2007), Keanu Reeves (2009), Justin Bieber (2011), Michael Jordan (2013), Juan Carlos d’Espagne (2015), Jay-Z (2015), Salvador Dali (2017), Chris Brown (chanteur US), Shaquille O’Neal (basketteur US), Diego Maradona (Argentine).
“Ce ne sont là que quelques noms de la très longue liste qui met en lumière à quel point la reconnaissance publique s’accompagne facilement de ce type de dérives. Car, pour l’ensemble de ces affaires, aucun lien de filiation n’a pu être établi. Delphine Boël serait donc bien l’exception qui confirme la règle”, explique l’avocate en droit de la famille Delphine Lamarque.
La presse marocaine fait état d’une première procédure entamée par Jane Benzaquen dès 2008 en Israël et qui n’aurait abouti à rien, sinon à la débouter. “Dix ans plus tard, c’est donc en Belgique, forte du succès de la procédure initiée par Delphine Boël, qu’elle décide de renouveler la tentative de reconnaissance. Les éléments dont elle dispose pour étayer ses propos sont identiques mais le contexte, lui, est fondamentalement différent : le plat pays a démontré au reste du monde que ce type d’histoire se déroule bel et bien. En quoi notre pays et la justice financée par les deniers des citoyens belges sont-ils concernés par ce dossier ?”, poursuit-elle.
Selon Delphine Lamarque, “il semble enfantin de se défaire de son père et de s’en trouver un nouveau, de préférence bien plus fortuné. S’en suit inévitablement un questionnement : est-il vraiment plus simple de s’inventer un père que de changer de patronyme ? Le cadre légal en Belgique reste relativement léger quant aux éléments à fournir pour obtenir l’établissement d’un lien de filiation avec autrui. Ainsi, des éléments circonstanciels (tels que la cohabitation, des correspondances, des témoignages ou tout autre élément démontrant une relation intime avec la mère au moment de la conception) ne sont pas indispensables pour requérir qu’un test ADN puisse être réalisé sur autrui. Dans notre droit, les preuves biologiques priment en effet sur le reste”, explique l’avocate en droit de la famille qui estime que la Belgique constitue un eldorado du “shopping judiciaire.”
“Ce dispositif législatif est heureusement contrebalancé par des juges qui, en matière de filiation, restent attentifs à la réalité sociale (ce qu’on appelle la possession d’état) et la mettent en balance avec la réalité biologique. Il n’y a cependant qu’un pas à concevoir que des citoyens bien nés s’en trouvent pris de demandes similaires pour tenter d’obtenir un accord amiable, discret, juste et équitable. Face à ce type de dérives potentielles, il n’est pas totalement sot de mieux cadrer les demandes de type ADN en Belgique en les conditionnant à la production d’éléments permettant d’établir un lien existant entre les géniteurs de la prétendue filiation”, conclut-elle.
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