En janvier 2024, la Suède n’était pas encore admise au sein de l’Otan, la Turquie et la Hongrie n’ayant pas donné leur feu vert à son intégration. Pour autant, lors de la conférence annuelle sur la sécurité « Folk och Försvar », le Premier ministre suédois, Ulf Kristersson, fit savoir que son pays était prêt à renforcer le flanc oriental de l’Alliance en déployant l’équivalent d’un bataillon en Lettonie, où le Canada était la « nation cadre » d’un groupement tactique multinational.

Ayant finalement intégré l’Otan en mars, ce qui mit fin à plus de deux siècles de neutralité, Stockholm confirma ses intentions quelques semaines plus tard. « La défense de l’Otan commence littéralement en Lettonie », fit alors valoir M. Kristersson, après avoir balayé l’idée qu’un tel déploiement était susceptible d’affecter la sécurité de son pays.

Cependant, envoyer un bataillon en Lettonie exigeait alors l’accord du Parlement. Accord que le gouvernement suédois obtint sans peine, seule une minorité de députés de gauche étant opposée à cette participation de la Suède à cette mission de l’Otan.

Cela étant, lors du sommet de Madrid, en 2022, les alliés décidèrent de renforcer les huit groupements tactiques multinationaux déployés sur le flanc oriental. « Leur taille passera, là où et lorsque cela sera nécessaire, du bataillon à la brigade », avait-il été précisé.

Ainsi, le Canada va doubler sa présence militaire en Lettonie d’ici 2026, avec 2 200 soldats déployés en permanence. Mais tous les pays engagés dans ce pays balte n’ont pas forcément les moyens d’en faire autant, notamment dans la durée. Aussi, le Danemark et la Suède se sont mis d’accord pour y envoyer un bataillon en alternance.

Quoi qu’il en soit, le 18 janvier, le bataillon suédois promis il y a un an est arrivé, par ferry, sous protection aérienne et navale, à Riga. Puis, avec ses véhicules de combat d’infanterie [VCI] CV-90, il a rejoint le camp « Valdemar », près d’Ādaži, où il a relevé son homologue danois.

La mission du 71e bataillon d’infanterie mécanisée « est de contribuer à la dissuasion et à la défense de l’Alliance tout en contribuant à la stabilité de la région. En tant qu’unité de manœuvre, il apporte une capacité et une puissance de feu significatives à la brigade multinationale » dirigée par le Canada, a résumé l’état-major suédois.

« Je ressens une grande fierté de contribuer à la défense collective de l’alliance. C’est un jour historique, mais en même temps, c’est notre nouvelle normalité », a commenté le lieutenant-colonel Henrik Rosdahl, le chef de corps de ce bataillon, qui compte environ 600 soldats.

L’envoi de ce bataillon en Lettonie constitue sans doute la plus grande mission menée par l’armée suédoise à l’extérieur de ses frontières. Toutefois, il ne s’agit pas de son premier engagement dans le cadre de l’Otan étant donné qu’elle a participé à l’ensemble des missions dirigées par l’organisation sous mandat de l’ONU, comme par exemple en Afghanistan.