Sur les drones israéliens: «J’ai dit: «Ça suffit!»
Dans cet entretien, Viola Amherd n’échappe aux questions délicates sur son département. La ministre de la Défense reconnaît des difficultés liées à certains projets d’achats de l’armée, à l’image des drones israéliens cloués au sol. La gestion de cette commande est jugée «insuffisante» par le Contrôle fédéral des finances. «Il y a environ 3 ans, j’ai dit: «Ça suffit!» J’ai alors chargé un cabinet d’avocats spécialisé dans les procédures d’achat d’étudier la question de l’abandon complet du projet avec une grosse perte d’argent, ou de son maintien. Le résultat a démontré que la deuxième solution était préférable», explique la centriste.
Le système de surveillance de l’espace aérien prend du retard, les avions de combat F/A-18 subissent des problèmes techniques et les nouveaux appareils F-35 ne seront pas livrés avant trois ans. De quoi susciter des inquiétudes sur la capacité des forces aériennes à remplir leur mission. Viola Amherd assure que l’armée de l’air reste opérationnelle: «Sinon, le Forum économique mondial n’aurait pas pu être organisé.»
Un bilan: Viola Amherd démissionne, avec des résultats concrets malgré quelques accrocs en chemin
Sur le sommet du Bürgenstock: «Nous n’étions pas naïfs»
Présente à Davos, Viola Amherd revient également sur le travail diplomatique de la Suisse pour mettre fin à la guerre en Ukraine, avec en point d’orgue l’organisation en juin dernier d’une conférence au Bürgenstock pour promouvoir la paix. La Russie a décliné l’invitation et la guerre se poursuit. «Nous n’étions pas naïfs au point d’avoir cru pouvoir signer, au Bürgenstock, la paix en Ukraine. Cela dit, beaucoup de pays, dont ceux du Sud, nous ont remerciés d’avoir organisé cette conférence», assure-t-elle.
Sur les négociations avec Bruxelles: «Nous avons besoin de bons accords»
Son année présidentielle a été marquée par les discussions avec l’Union européenne et la poignée de main avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Alors que les traités n’ont pas encore été signés par le Conseil fédéral, ce geste était-il prématuré? «Il était important de marquer cet instant», défend la conseillère fédérale. «Il faut maintenant procéder aux clarifications techniques. La signature interviendra seulement après», précise-t-elle, en soulignant l’importance de trouver «de bons accords» et «une relation normalisée avec l’UE».
Sur l’état de la politique en Suisse: «Un climat marqué par la méchanceté»
Viola Amherd déplore enfin une dégradation du débat en Suisse. Elle estime que «le climat politique se durcit, qu’il est, de plus en plus, marqué par la méchanceté». La ministre sortante craint un affaiblissement des institutions, un «danger» pour une démocratie directe. Cette tendance concerne-t-elle le Conseil fédéral? «Quant à ce qui se passe au Conseil fédéral, je n’ai jamais dévoilé ce qui s’y passe. Je ne vais donc pas commencer aujourd’hui», élude-t-elle.
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