Les Bourses européennes ont fait pâle figure l’an dernier face à Wall Street, pour de nombreuses raisons : la guerre en Ukraine est aux portes de l’Union européenne, la croissance est poussive – 0,7 % estimé pour 2024 – et depuis quelques mois l’incertitude politique est grande en France et en Allemagne, les deux locomotives du continent. Certes, l’Euro Stoxx 50 gagne 8,5 % mais son petit frère le Stoxx 600, qui regroupe les 600 plus grosses sociétés cotées, a terminé 2024 avec un gain de 5,8 %.
De plus, les performances n’ont pas été les mêmes selon les pays et les secteurs : le DAX allemand a gagné près de 19 %, le Footsie britannique 5 % quand le CAC 40 a perdu 2,15 %. Dans le même temps, les valeurs bancaires ont progressé de 35 %, celles des assurances de 22,6 % et les télécoms de 22 %, alors que celles liées aux matières premières, à la chimie et à l’automobile ont reculé. « Ces différences s’expliquent essentiellement par les prévisions de profits 2024, qui ont été revues à la hausse dans la finance et à la baisse pour l’automobile, la consommation courante et les matières premières », analyse Catherine Garrigues, directrice de la stratégie actions Europe Conviction d’Allianz GI.
Mais pour de nombreux professionnels, il y a des raisons de continuer à investir en Europe. « Le marché pourrait bénéficier à court terme d’une économie américaine plus vigoureuse », estime Clémentine Gallès, chef économiste et stratégiste de Société générale Private Banking. « Il est important de rappeler que les 50 plus grandes entreprises européennes ne réalisent que 40 % de leur chiffre d’affaires sur le continent, ce qui fait de ces champions nationaux de véritables acteurs mondiaux », précise Erik Wytenus, responsable de la stratégie d’investissement pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique à JP Morgan Private Bank.
Classiquement, les secteurs défensifs, comme les services collectifs ou les télécoms, apportent une certaine stabilité. Les entreprises reconnues pour la régularité de leurs dividendes offrent également un coussin de sécurité en période économique difficile.
Les gérants sont en effet persuadés que même si les prévisions de croissance restent faiblardes pour l’Europe en 2025, il est possible de se positionner sur des thèmes ou des entreprises porteuses, comme le secteur de l’énergie décarbonée. « C’est moins un sujet environnemental que stratégique et de souveraineté, assène Frédéric Ponchon, directeur général délégué de Dorval AM. L’Europe a un sujet de coût et de dépendance énergétique. Le moyen de le régler passe par des investissements massifs dans l’efficacité et dans la production d’énergies renouvelables sur son sol. » Une opportunité pour l’espagnol Iberdrola, le premier producteur mondial d’énergie éolienne, ou le fabricant italien de câbles électriques Prysmian.
Le secteur de la santé bénéficie lui aussi d’un relais de croissance potentiel avec le développement de nouveaux médicaments et traitements par les grands laboratoires européens, comme AstraZeneca ou Sanofi. Ces investissements devraient leur apporter des milliards d’euros de chiffre d’affaires en plus.
Enfin, après des années de vaches maigres, les groupes financiers ont retrouvé une situation plus favorable. Depuis la crise de 2008, le renforcement des règles de solvabilité a rendu les établissements européens particulièrement solides. Ils ont également bénéficié de la remontée des taux d’intérêt pour améliorer leurs marges. Malgré une belle progression l’an dernier, leurs valorisations restent encore attractives.