Pour le scientifique Jean-Marie Tarascon, l’Europe doit “trouver des technologies disruptives” concernant les batteries, plutôt que de tenter de rattraper la Chine sur ce qu’elle maîtrise.
Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir n°936, daté février 2025.
Jean-Marie Tarascon est médaille d’or du CNRS 2022, titulaire de la chaire Chimie du solide et énergie au Collège de France.
Sciences et Avenir : Comment se porte le marché des batteries en France et en Europe ?
Jean-Marie Tarascon : La période est complexe. Le lithium-ion reste la technologie dominante, mais l’enthousiasme suscité par les véhicules électriques faiblit. Cela s’explique par des ventes en deçà des attentes, la fin de certaines subventions et une prise de conscience de nos faiblesses structurelles.
“En Europe, nous dépendons encore massivement de l’importation”
Sciences et Avenir : Quelles sont ces faiblesses ?
Jean-Marie Tarascon : En Europe, nous dépendons encore massivement de l’importation : près de 98 % des matériaux nécessaires à la fabrication des batteries et 97 % des machines d’assemblage viennent d’Asie. Cela rend notre industrie peu compétitive face à un pays comme la Chine qui a su intégrer et maîtriser toute la chaîne de valeur.
Par ailleurs, l’Europe manque de vision stratégique à long terme. Notre politique reste défensive, focalisée sur la souveraineté, avec sur notre territoire des “gigafactories” [méga-usines] qui rencontrent des difficultés de mise en production, plutôt que l’innovation.
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“Nous ne pourrons jamais être compétitifs face à elle (la Chine)”
Sciences et Avenir : Quels moyens proposez-vous pour surmonter ces obstacles ?
Jean-Marie Tarascon : Il faut renforcer nos investissements dans le raffinage des matériaux, la production locale d’équipements et la formation d’ingénieurs spécialisés. Les gouvernements doivent aussi garantir un marché pour les batteries produites localement. Cela pourrait prendre la forme de commandes publiques ou de quotas d’achats obligatoires pour les constructeurs.
Sciences et Avenir : Et sur le plan de la recherche ?
Jean-Mar[…]
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