INFOGRAPHIES – 2024 a été l’année la moins ensoleillée en France depuis trente ans. Et 2025 ne démarre guère mieux. Pour une grande partie du pays, enchaîner trois jours de soleil successifs constitue l’exception plutôt que la règle cet hiver.
Il ne s’agit pas d’un simple ressenti : le soleil est bel et bien aux abonnés absents. Depuis plusieurs mois, une grande partie de la France vit sous un ciel bas et morne. Au point qu’une simple éclaircie prolongée devient un fait notable. Et trois journées consécutives de soleil un phénomène si rare qu’il est tout de suite souligné par les spécialistes. «Nous vivons un hiver marqué par une grisaille persistante, les journées ensoleillées se comptent sur les doigts d’une main», confirme Cyrille Duchesne, météorologue à La Chaîne Météo*. Si l’ensoleillement varie évidemment au fil des saisons – une journée avec plus de six heures de soleil est considérée comme très ensoleillée en hiver alors que ce seuil est plutôt de dix heures en période estivale –, la grisaille et les nuages bas dominent une grande partie du pays. Le Figaro a compilé six mois de données quotidiennes d’ensoleillement des principales stations météorologiques en France sur l’hiver en cours. De quoi, peut-être, entrevoir la lumière au bout du tunnel.
Trois jours de soleil consécutifs : un record ?
D’après les relevés quotidiens de Météo-France, Paris a connu trois jours consécutifs de soleil du 1er au 3 février dernier. Un fait notable, puisqu’une telle séquence n’avait pas été observée depuis le 22 octobre. Dans le centre de la France, Orléans n’a pas connu trois journées ensoleillées consécutives depuis le 14 septembre – près de cinq mois. À Bourges, bien que le soleil ait réussi à percer durant trois jours en février, il faut remonter à août pour retrouver une période similaire. Dans l’est de l’Hexagone, le triste record appartient à la ville de Nancy, qui n’a pas connu trois jours de beau temps successifs depuis le 19 septembre. La dernière fois que le soleil a brillé durant trois jours à Strasbourg, nous étions le 27 octobre.
En Bretagne, la situation est encore plus marquée : dès le mois de novembre, les brouillards se sont installés durablement. À Nantes, si le soleil a brièvement fait une apparition en ce début d’année, il faut remonter au 3 octobre pour retrouver trois journées consécutives de beau temps. Même constat à Rennes, où la ville n’a toujours pas connu trois jours d’ensoleillement d’affilée depuis octobre. Le sud-est de la France reste toutefois largement épargné grâce aux vents qui favorisent la dissipation des nuages et permettent ainsi au soleil de percer plus facilement. Les contrastes sont également frappants entre la plaine et les reliefs. La première est plongée dans la grisaille tandis qu’il suffit de prendre un peu de hauteur pour profiter de la lumière.
Des semaines entières sans soleil
Paris a traversé plusieurs périodes de six jours consécutifs sans soleil, la plus récente s’étendant du 15 au 20 janvier 2025. Des périodes similaires ont également été observées du 28 décembre au 2 janvier et du 8 au 13 décembre. «C’est un phénomène remarquable d’avoir connu à plusieurs reprises presque une semaine entière sans soleil», souligne Cyrille Duchesne.
Plusieurs villes accumulent des journées entières sous un ciel gris et morose. Début novembre, Rennes a connu une période de onze jours sans la moindre minute de soleil, suivie d’une série de dix jours à partir du 24 décembre. En janvier 2025, la capitale bretonne a totalisé seulement 66 heures de soleil, contre 102 heures à la même époque en 2024. Pour les trois quarts de la France, l’hiver 2024-2025 restera dans les mémoires comme l’un des plus sombres de ces dernières années. Cette situation contraste fortement avec les saisons particulièrement ensoleillées de 2020 et 2022.
Un phénomène météorologique persistant
Ce manque de soleil s’explique par la persistance de hautes pressions, synonymes d’anticyclone. Mais au lieu d’apporter un temps clair, combinées à une humidité élevée, elles favorisent la formation de brouillards ou de nuages bas. En parallèle, «les précipitations très excédentaires durant les dernières semaines, avec des sols saturés, sont à l’origine d’une forte humidité dans les basses couches de l’atmosphère», précise Cyrille Duchesne. Ainsi, soit il pleut, soit il ne fait pas beau. Un cercle sans fin puisqu’il n’y a pas assez de vent pour dissiper le brouillard. En plus, à cette période de l’année, le soleil n’est pas encore assez puissant pour assécher la masse d’air.
2024 s’était déjà terminée avec un bilan en demi-teinte avec un déficit d’ensoleillement sur une majorité du territoire bien en dessous de la normale. «En moyenne sur l’année, l’ensoleillement, avec un déficit important de près de 10%, est proche de l’ensoleillement historiquement bas des années 1987 ou 1992, 1993, 1994», indique le bilan climatique annuel de Météo-France. Ainsi, 2024 reste l’année la moins ensoleillée qu’ait connue la France depuis près de trente ans. Seules les régions méditerranéennes échappent à cette tendance, conservant un ensoleillement proche des normales saisonnières.
À l’approche du printemps, tous les regards se tournent vers le ciel, dans l’espoir d’un retour durable du soleil. Selon les prévisions, il devrait déjà faire son retour ce week-end sur une large partie du pays…
* La Chaîne Météo est la propriété du Groupe Figaro.