par John Irish

Le ministre syrien des
Affaires étrangères assistera ce jeudi à Paris à une conférence
internationale organisée par la France, alors que les puissances
occidentales et régionales entendent protéger la délicate
transition en Syrie après la chute du régime de Bachar al Assad,
dans un contexte d’instabilité à travers le Proche-Orient.

C’est la première fois qu’Assaad Hassan el Chibani se rend
dans l’Union européenne depuis la fin de la guerre civile et la
prise du pouvoir à Damas par les anciens rebelles islamistes de
Hayat Tahrir el Cham (HTS) en décembre.

Le déplacement du ministre syrien intervient également
quelques jours après que le président Emmanuel Macron a invité
en France le président intérimaire syrien et ancien chef
djihadiste Ahmed al Charaa, qui est toujours sous le coup de
sanctions des Nations unies. Aucune date n’a encore été fixée.

“Cette réunion vise à créer une sorte de cordon sanitaire
autour de la crise syrienne”, en décourageant toute tentative
d’ingérence extérieure ou de déstabilisation qui pourrait faire
dérailler le processus de transition, a déclaré un responsable
français.

Des puissances régionales, dont l’Arabie saoudite, la
Turquie et le Liban, vont participer à la conférence, de même
que la plupart des pays occidentaux, même si les Etats-Unis
n’ont envoyé qu’une petite délégation.

Elles ont dans l’ensemble bien accueilli la chute de Bachar
al Assad et tentent, depuis, d’accompagner et d’orienter la
transition en cours en Syrie dans une direction qui leur
convient.

La réunion vise à coordonner le soutien international au
processus de transition en Syrie et à mobiliser les pays
susceptibles d’apporter une aide humanitaire et un soutien
économique, a déclaré le ministère des Affaires étrangères.

Les problématiques de justice et de lutte contre l’impunité
seront également à l’ordre du jour.

LA TURQUIE MENACE LES KURDES

L’objectif de la conférence n’est pas de lever des fonds –
une conférence des donateurs est prévue à cet effet en mars à
Bruxelles. En revanche, la levée des sanctions fera partie des
questions abordées.

L’Union européenne a commencé à lever certaines sanctions
mais, selon deux diplomates, le processus est ralenti par Chypre
et la Grèce qui s’inquiètent des discussions en cours entre la
Syrie et la Turquie au sujet du tracé des frontières maritimes,
et réclament des garanties que les sanctions pourront être
rapidement rétablies.

Il devrait être possible de parvenir à un compromis à ce
sujet dans les prochaines semaines, ont ajouté les deux
diplomates.

Avant la réunion, les principaux bailleurs de fonds
internationaux feront également le point sur la situation
humanitaire, notamment dans le nord-est de la Syrie, où le gel
de l’aide extérieure américaine décidé par Donald Trump a un
impact “terrifiant”, d’après un responsable européen.

La question des relations entre les forces kurdes, soutenues
jusqu’ici par les pays occidentaux, le gouvernement de Damas et
la Turquie, qui considère certaines d’entre elles comme un
mouvement “terroriste”, fera l’objet de discussions.

Une source diplomatique turque a déclaré que le
vice-ministre des Affaires étrangères Nuh Yilmaz, qui
participera à la conférence, “attirera l’attention sur les
menaces qui pèsent sur la Syrie, à savoir l’organisation
terroriste séparatiste (kurde), et soulignera la détermination
de notre pays à éliminer totalement les éléments terroristes
présents dans le pays”.

(John Irish; version française Tangi Salaün, édité par Blandine
Hénault et Jean Terzian)