Le président américain Donald Trump (à droite) et son vice-président J. D. Vance, à la Maison Blanche, à Washington aux Etats-Unis, le 30 janvier 2025. UPI/NEWSCOM/SIPA
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Le président américain Donald Trump s’est inquiété ce vendredi 14 février de la menace pesant, selon lui, sur le « droit à la liberté d’expression » en Europe, emboîtant le pas à son vice-président, qui avait tenu des propos similaires plus tôt dans la journée.
Interrogé sur le discours de J. D. Vance à la Conférence sur la sécurité de Munich où il regrettait un recul de la liberté d’expression sur le Vieux continent, Donald Trump a opiné : « L’Europe est en train de perdre son merveilleux droit à la liberté d’expression ». « L’Europe a un gros problème d’immigration », a également ajouté le locataire de la Maison Blanche.
Ce vendredi, à la Conférence de la sécurité de Munich, le vice-président américain n’a fait qu’effleurer le dossier ukrainien et la feuille de route des Etats-Unis en vue de mettre fin aux hostilités pour se concentrer sur un discours à charge contre les Européens, des alliés historiques de son pays au sein de l’Otan, à propos du respect du droit de vote et de la liberté d’expression.
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« En Grande-Bretagne et à travers l’Europe, la liberté d’expression, je le crains, est en retrait », a-t-il déclaré, causant la stupeur dans son auditoire. Un « recul » qui l’« inquiète » plus que la menace de « la Russie », « la Chine » ou d’un « autre acteur externe ».
Les Européens « choqués » par cette « humiliation totale »
Dans son discours, J. D. Vance a en particulier évoqué le cas de la Roumanie, où le premier tour de la présidentielle a été annulé par la Cour constitutionnelle. Le candidat d’extrême droite Calin Georgescu était arrivé contre toute attente en tête du scrutin avec plus de 20 % des voix, en faisant principalement campagne sur la plateforme chinoise TikTok, soupçonnée d’avoir été manipulée.
La décision d’annuler cette élection s’est faite « sur la base des faibles soupçons d’une agence de renseignement », a estimé JD Vance, dénonçant « une énorme pression de ses voisins continentaux » sur la Roumanie. Si « votre démocratie peut être détruite avec quelques centaines de milliers de dollars de publicité numérique d’un pays étranger, alors elle n’était pas très forte », a-t-il lâché.
Ce discours devant le gotha mondial de la diplomatie et de la défense a laissé les dirigeants européens « choqués » par cette « humiliation totale », a assuré sur X le député ukrainien Oleksiy Goncharenko, présent à Munich.
Vance fustige le « cordon sanitaire » allemand autour de l’AfD
Le pays hôte, l’Allemagne, n’a pas été épargné quand J. D. Vance a fustigé le consensus autour d’un « cordon sanitaire » empêchant l’extrême droite d’accéder au pouvoir. Le candidat conservateur Friedrich Merz, le favori des sondages pour les législatives allemandes du 23 février, a réaffirmé dimanche que son parti chrétien-démocrate (CDU) ne nouerait jamais d’alliance avec le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD).
« Ce à quoi la démocratie allemande », comme toutes les autres, « ne peut survivre, c’est de dire à des millions d’électeurs que leurs pensées et leurs préoccupations (…) ne méritent même pas d’être prises en considération », a martelé JD Vance.
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Cet appel a été vécu à Berlin comme une nouvelle ingérence de l’administration de Donald Trump dans la campagne électorale, après les soutiens répétés apportés par le milliardaire Elon Musk à l’AfD. Le chancelier Olaf Scholz a « rejeté expressément » les propos de JD Vance. « De l’expérience du national-socialisme, les partis démocratiques en Allemagne ont tiré un consensus : c’est le mur pare-feu (équivalent du cordon sanitaire) contre les partis d’extrême droite », a-t-il réagi sur X.
Cela n’a pas dissuadé JD Vance d’ensuite rencontrer dans un hôtel de Munich la candidate de l’AfD Alice Weidel, comme l’a confirmé un responsable de son équipe. Le vice-président « a rencontré tous les dirigeants des principaux partis politiques allemands », à savoir Friedrich Merz vendredi à Munich et Olaf Scholz en début de semaine à Paris, a fait valoir la même source.
La Suède également visée
J. D. Vance a également ciblé la Suède pour avoir condamné le camarade de Salwan Momika, un homme tué fin janvier après avoir suscité la colère de pays musulmans en brûlant des exemplaires du Coran.
Contacté par l’AFP, le ministre de la Justice Gunnar Strömmer a répondu que la Suède disposait de « l’une des protections les plus étendues de la liberté d’expression dans le monde » mais que celle-ci n’était pas « illimitée ».
S’exprimant après J. D. Vance à la tribune, le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, a qualifié ses propos de « non acceptables ». En Allemagne, « des partis extrémistes comme l’AfD » peuvent « faire une campagne électorale tout à fait normale », a-t-il répliqué, soulignant la présence d’Alice Weidel « en prime time à la télévision » la veille. Et « des médias diffusant la propagande russe sont également autorisés » dans les conférences de presse du gouvernement, a-t-il aussi dit.
A Washington, l’agence Associated Press a affirmé jeudi que l’un de ses journalistes avait de nouveau été privé d’accès à un événement à la Maison Blanche et dénoncé une « escalade très inquiétante ». Le gouvernement américain reproche à cette agence de presse de ne pas utiliser le nouveau terme de « golfe d’Amérique » quand elle parle du golfe du Mexique.