Lorsqu’elle entendait ce prélude de Bach, la raison de Maurane s’envolait. Vers le port du Havre et les baraques. Nul besoin aujourd’hui de déployer ses ailes aussi loin puisque le Conservatoire propose, une fois par mois (le mardi), un embarquement immédiat sur les partitions du compositeur allemand, et de bien d’autres encore.

Une invitation au voyage originale, proposée dans le cadre d’un atelier de musique baroque, animé par la pétillante Virginie Kaeppelin, dont les Champollion du langage musical du XVIIIe siècle se sont enamourés crescendo. “Pourquoi on suit ce cours ? Pour la prof, claironnent de concert Élise et Claire. Avec elle, c’est formidable. Elle nous laisse de la liberté.”

Des profils d’élèves très différents

Cette liberté qui magnifie les interprétations. Décuple les émotions. Révèle l’imagination. Les deux élèves, au violon et à la flûte traversière, rayonnent aux premières cordes pincées d’un clavecin, de maître, à accompagner. “Formidable. Vous n’aviez encore jamais interprété ce morceau de la sorte”, les félicite leur professeure à la sonate en trio évanouie. Une récompense pour celle qui porte haut les voiles de ce bateau lyre depuis la rentrée de septembre à Digne-les-Bains. “Je voulais proposer quelque chose de différent par rapport à la classe de Manosque. Ici, je joue avec eux. Ça les porte. Les désinhibe. Car c’est assez difficile.”

Ils sont ainsi une douzaine, dans cette petite salle de chambre, à oser la symphonie. À se laisser éblouir par ce répertoire. Ouvert à une farandole d’instruments (violon, flûtes, hautbois, violoncelle). “J’ai des profils très différents. Des adultes amateurs, des retraités et des plus jeunes, déjà inscrits au Conservatoire, en 3e cycle.”