Dans l’Union européenne, les pensions représentent environ trois cinquièmes du revenu du travail en fin de carrière. Dans de nombreux pays européens, ce taux est inférieur à 50 %, ce qui rend le maintien d’un niveau de vie décent de plus en plus difficile pour les retraités.
Dans de nombreux pays européens, les revenus de la retraite sont nettement inférieurs aux revenus du travail avant la retraite. Il est donc difficile pour de nombreuses personnes âgées de maintenir leur niveau de vie après la retraite. Près d’un retraité sur six est exposé au risque de pauvreté dans l’UE, le taux passant de 12 % en 2013 à 15,5 % en 2023.
Comment les pensions se comparent-elles aux revenus du travail avant la retraite dans toute l’Europe ? Dans quels pays les retraités perçoivent-ils la part la plus élevée et la plus faible de leurs revenus professionnels de fin de carrière ?
Le taux de remplacement global d’Eurostat évalue l’efficacité des systèmes de pension à permettre aux personnes âgées de maintenir leur niveau de vie après la retraite.
Il compare le revenu de pension médian des personnes âgées de 65 à 74 ans au revenu médian du travail des personnes âgées de 50 à 59 ans, à l’exclusion des autres prestations sociales. Cela permet de comprendre l’adéquation des pensions.
En 2023, le taux de remplacement global dans l’UE était de 58 %. Cela signifie qu’une personne ayant gagné 100 euros entre 50 et 59 ans recevra 58 euros de pension entre 65 et 74 ans.
Dans l’UE, ce taux varie de 35 % en Croatie à 78 % en Grèce.
L’Espagne (77%) et l’Italie (75%) suivent la Grèce au sommet, tandis que le Portugal dépasse également la moyenne de l’UE avec un ratio de 61%.
Au bas de l’échelle, la Lituanie (36 %) et l’Irlande (39 %) suivent la Croatie, constituant ainsi les trois pays de l’UE dont le ratio est inférieur à 40 %.
Parmi les “quatre grandes” économies de l’UE, c’est en Allemagne que les revenus des pensions sont les plus faibles par rapport aux revenus du travail en fin de carrière (49 %), tandis que la France (59 %) se situe juste au-dessus de la moyenne de l’UE.
L’Espagne et l’Italie se classent parmi les trois premiers pays avec plus de 75 %.
Dans 11 États membres de l’UE, les pensions représentaient moins de la moitié du salaire médian des personnes en fin de carrière. Parmi eux figurent l’Allemagne (49 %), la Belgique (48 %) et le Danemark (47 %).
Les pays candidats à l’UE – la Serbie (46 %), le Monténégro (38 %) et l’Albanie (37 %) – affichent également des taux de remplacement agrégés plus faibles, ce qui les rapproche davantage des pays d’Europe de l’Est.
Écart entre les hommes et les femmes en matière de pensions : des inégalités persistantes
Le taux de remplacement global varie également en fonction du sexe. Dans l’UE, les hommes (60 %) ont reçu trois points de pourcentage (pp) de plus que les femmes (57 %).
“Bien que la différence entre les pensions moyennes des hommes et des femmes continue de se réduire, les écarts qui subsistent entre les sexes en ce qui concerne la pauvreté des personnes âgées, le montant des pensions et la couverture des pensions témoignent d’inégalités persistantes”, note le rapport sur l’adéquation des pensions établi par la Commission européenne et le Comité de la protection sociale.
Dans un tiers des États membres de l’UE, ce ratio est plus élevé pour les femmes que pour les hommes. En Allemagne, par exemple, les pensions représentaient 54 % des revenus de fin de carrière pour les femmes, contre 46 % pour les hommes.
Cette tendance s’observe également au Danemark et en Irlande, où le ratio favorise les femmes de 6 pp.
L’Espagne et le Portugal sont les pays les plus défavorables aux femmes retraitées. En Espagne, le taux de remplacement global était de 63 % pour les femmes, soit nettement moins que les 83 % des hommes.
De même, au Portugal, les femmes avaient un ratio de 50 % contre 71 % pour les hommes, ce qui signifie que les femmes retraitées ont reçu 30 % de moins que les hommes.
Fournir les chiffres des revenus réels en euros et en standards de pouvoir d’achat (SPA) pour ces deux groupes d’âge aurait offert une perspective plus claire. Cependant, Eurostat n’a pas été en mesure de les fournir lorsqu’Euronews Business s’est renseigné, car ils ne sont pas accessibles au public.
Néanmoins, les pensions de vieillesse par personne peuvent donner un aperçu de la situation financière des retraités en Europe.
Quels sont les pays qui offrent les pensions les plus élevées ?
Il existe d’importantes disparités en matière de pensions en Europe. En 2021, les dépenses mensuelles brutes moyennes de pension de vieillesse par bénéficiaire allaient de 226 euros en Bulgarie à 2 575 euros au Luxembourg. La moyenne de l’UE était de 1 294 euros.
En termes nominaux, les pays d’Europe occidentale et septentrionale ont les pensions les plus élevées, ce qui les place en tête du classement, tandis que les pays d’Europe orientale et du Sud-Est ont tendance à avoir des dépenses de pension par personne beaucoup plus faibles.
L’écart se réduit lorsqu’il est ajusté en fonction des SPA, allant de 437 euros en Bulgarie à 1 681 euros au Luxembourg au sein de l’UE.
Toutefois, la tendance générale reste inchangée. Les pays d’Europe occidentale et septentrionale continuent d’avoir les pensions les plus élevées, tandis que les pays de l’Est et des Balkans affichent des chiffres inférieurs.
Notamment, le classement de la Suisse recule considérablement en termes de SPA, tandis que la Roumanie et la Turquie enregistrent des améliorations notables par rapport à leur classement en termes de pensions nominales.
Importance des coûts des soins de longue durée
Les niveaux de pension suggèrent que le ratio de remplacement global ne suffit pas à lui seul à comparer les meilleures conditions de retraite entre les pays. Par exemple, bien que le ratio soit inférieur à la moyenne de l’UE aux Pays-Bas et au Danemark, leurs classements en termes de pensions moyennes corrigées du SPA sont nettement plus élevés.
Le rapport sur l’adéquation des pensions souligne également que le coût total des soins de longue durée (SLD) en l’absence de protection sociale publique peut être très élevé par rapport au revenu de pension des personnes âgées.
“L’interaction entre les revenus de pension et la couverture des soins de longue durée est cruciale pour garantir un revenu de vieillesse adéquat et un niveau de vie digne”, indique le rapport.
Par exemple, certains pays ont une couverture publique relativement généreuse des SLD en termes de coûts, mais des taux de remplacement moyens pour les pensions, selon le rapport. Il s’agit notamment des pays nordiques, caractérisés par un rôle important des services dans les prestations sociales, mais aussi de la Belgique, de l’Allemagne, des Pays-Bas, de Malte, de l’Irlande et de la Hongrie.