Convertis en logements, les locaux désertés pourraient abriter des milliers de personnes. Rien qu’en banlieue de Lausanne et Genève, les surfaces inoccupées occupent autant de place que les logements de 6000 habitants, selon une estimation de la RTS.
Vous cherchez désespérément un logement? Votre frustration est renforcée par le nombre d’annonces pour des espaces professionnels à louer? Vous n’avez pas totalement tort.
Selon le cabinet CBRE à Zurich, il y a près de 2’000’000 de m2 de bureaux vacants en Suisse à l’heure actuelle. Un résident suisse occupe en moyenne 46,5 m2 d’habitation. Dévolue au logement, une telle surface pourrait donc abriter 43’000 personnes, l’équivalent de la ville de Fribourg.
En périphérie des grandes villes
Le paradoxe est particulièrement visible dans certaines grandes villes, en pleine crise du logement. Le nombre d’appartements disponibles à Zurich, Lausanne et Genève est extrêmement bas, avec des taux de vacance inférieurs à 1%. À l’inverse, les périphéries de ces villes regorgent de locaux vides.
Dans ces banlieues, il y aurait, la place pour 6000 Zurichois, 4000 Genevois et 2000 Lausannois.
Pas une solution miracle
Pourtant, la conversion de bureaux en logements demeure exceptionnelle. De telles transformations sont difficiles, notamment du point de vue légal. Simon Chessex, du bureau d’architectes Lacroix Chessex à Genève, est spécialisé dans ce type d’opérations. Il ne voit pas la situation se débloquer miraculeusement sur ce front: “le seul espoir, c’est la dérogation. Changer la loi, prendrait beaucoup trop de temps. Par contre, on pourrait agir de manière parfaitement ponctuelle, au cas par cas.”
Une affaire de rendement
De plus, les propriétaires de ces locaux ne sont généralement pas motivés à transformer leur bureau en logement. Henrik Stump, promoteur immobilier à Zurich, a fait construire une tour de 80 mètres. Achevée en 2024, elle demeure à moitié vide. Pourtant, son propriétaire n’a aucune intention de la convertir en habitations, puisque “le rendement d’un immeuble de bureaux est toujours un peu plus élevé que pour les appartements. De plus, les coûts de construction sont un peu plus bas”.
Pour proposer des logements dans sa tour, Henrik Stump devrait investir dans de nouveau travaux, avec un retour financier inférieur. Il préfère attendre que des entreprises s’intéressent à ses locaux en l’état.
Certains bâtiments vides ont donc peu de chance d’être convertis en résidences. Les sociétés cherchent actuellement des constructions respectant des normes récentes, notamment en matière d’efficacité énergétique. Les édifices récents, comme la fameuse tour d’Henrik Stump, devraient en profiter à moyen terme.
Désengorger le marché du logement
Toutefois, un certain potentiel existe. Loin des centres, pour les bureaux vides vieillissants, une transformation en appartement s’avère souvent rentable. En effet, ces espaces n’attirent plus les entreprises. La société Wincasa a mené une opération de ce type à Zurich. Une centaine de lofts ont été créés. Massimo Blangiardi, représentant de Wincasa, croit fermement que ces chantiers pourraient contribuer à résoudre la crise du logement. “Il faudrait pouvoir réaliser de très nombreux projets pour désengorger le marché.”
>> La didactique de Julien Chiffelle sur la crise du logement en Suisse :
La didactique de Julien Chiffelle, sur la crise du logement en Suisse / 19h30 / 1 min. / aujourd’hui à 19:30
Julien Guillaume, Tybalt Félix