« Ce sont bien les ossements d’un seul individu et c’est un homme », confirme Philippe Charlier en ce jeudi 20 février 2025, dans la collégiale de Eu, en Seine-Maritime.

Le médiatique médecin légiste, archéo-anthropologue et paléopathologiste était présent en Normandie pour effectuer des recherches sur les reliques de Saint-Laurent O’Toole.

Le docteur Philippe Charlier était accompagné de son équipe du LAAB (Laboratoire Anthropologie Archéologie Biologie), de l’Université Paris-Saclay, Anaïs Augias et Saudamini Deo (Musée Quai Branly).

L’ouverture de deux reliquaires

Eu Philippe Charlier reliques de saint Laurent

L’équipe de Philippe Charlier, célèbre médecin légiste et archéo-anthropologue, était présente à Eu. ©L’Informateur d’Eu

Avec l’autorisation en bonne et due forme de l’archevêque de Rouen, Monseigneur Dominique Lebrun, les deux reliquaires de la collégiale ont été exceptionnellement ouverts :

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Celui contenant une partie du crâne, situé dans une chapelle latérale, et la châsse qui est conservée dans le chœur.

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Ces opérations se sont déroulées en présence des autorités ecclésiastiques, des élus de la ville et de Jesse Harrington, universitaire irlandais spécialisé dans la vie des saints anglais et irlandais.

Les élus eudois et le prêtre de la paroisse, Philippe Maheut, ont remercié l’équipe de chercheurs pour leur venue. « Cela marque une année importante de célébrations des 800 ans de la canonisation de Laurent O’Toole ». L’archevêque de Dublin est mort à Eu, en 1180, et est un personnage qui fait partie intégrante de l’histoire de la ville.

« Un examen canonique »

Eu Philippe Charlier reliques de saint Laurent

Les deux reliquaires de la collégiale ont été exceptionnellement ouverts. ©L’Informateur d’Eu

Il s’agissait pour l’équipe de Philippe Charlier de mener « un examen canonique des reliques ».

Une opération que l’équipe a déjà réalisée sur les restes d’autres saints. « Nous étions auparavant dans le Dauphiné, pour l’étude des reliques de saint Antoine, celui de l’épisode de la tentation ».

Le point de départ de l’aventure, ce sont des recherches d’Anaïs Augias sur les Bourbons. Des gisants de membres de la famille sont en effet visibles dans la crypte de la collégiale de Eu.

De fil en aiguille, les projecteurs se sont ensuite tournés vers saint Laurent O’Toole.

Sophie Togni-Devillers, attachée de conservation du patrimoine et responsable du service patrimoine et archives de la ville d’Eu décrit :

Il s’agit de confronter une étude scientifique aux sources historiques connues, par exemple, on ne connait pas la cause du décès

Si les opérations scientifiques sont précises et si l’humour n’a pas été absent, Philippe Charlier a d’emblée rassuré les personnes présentes :

«Les recherches sont menées dans le respect d’un personnage très important».

Il a même signalé au prêtre que le drap sur lequel les ossements ont été posés, « est devenu une relique de contact ».

Un inventaire et des mesures du squelette ont été réalisés, confirmant qu’il s’agissait bien d’un homme d’une cinquantaine d’années… Ce qui est cohérent avec la vie du saint.

L’équipe a prélevé les poussières présentes dans la châsse. Les documents accompagnant les reliques ont aussi été étudiés. Cela a permis de découvrir un document datant de 1797, évoquant les destructions dans la crypte pendant la période de la Révolution française.

Une reconstruction du visage par des techniques modernes était envisagée, mais elle ne sera pas possible, l’état de conservation du crâne ne le permettant pas.

Eu Philippe Charlier reliques de saint Laurent

Les reliquaires ont ensuite été scellés à la cire. ©L’Informateur d’Eu

« Pour les causes de la mort de saint Laurent, on a déjà pu identifier la présence d’un abcès dentaire qui aurait pu tourner à l’infection, en absence de traitement antibiotique. Mais d’autres analyses pourront nous en dire plus. Il faut savoir qu’à l’époque le paludisme était présent jusqu’en Scandinavie ».

Il a ainsi identifié qu’Agnès Sorel, la favorite de Charles VII, au XVe siècle, souffrait de ce mal.

Les reliquaires ont ensuite été scellés à la cire.

Différentes analyses vont maintenant être menées par le Laboratoire Anthropologie Archéologie Biologie. Il va ensuite rendre un rapport dans quelques mois.

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