Depuis la fin janvier, chaque jour apporte son lot de propos émanant de la Maison-Blanche, qui ne sont pas que des mots mais ont des effets réels sur des dizaines de millions de personnes, vivant dans l’angoisse de ce que sera leur lendemain. Une régression historique est à l’œuvre, niant le droit international, violant le principe intangible de la libre autodétermination des peuples à décider de leur sort. Il en va ainsi de l’Ukraine. Complice du dictateur Poutine et de son expansionnisme, Trump règle les affaires du peuple ukrainien, exténué par une guerre de trois ans, en menaçant d’imposer une paix injuste, instable et qui serait un blanc-seing à l’agression d’autres pays Baltes ou scandinaves. Pire, il fragilise l’Europe qui devrait se le tenir pour dit, au vu du discours de son vice-président venant soutenir l’extrême droite allemande, ou roumaine.

La situation n’est-elle pas pire au Moyen-Orient ? Trump propose, avec un cynisme sans bornes, de faire de la bande de Gaza une « Riviera », mêlant l’avidité de son ancien métier d’agent et promoteur immobilier aux fonctions de président de la République des États-Unis ? Un cauchemar qui a pourtant des origines historiques précises afin de se débarrasser point seulement des Palestiniens mais de toute puissance capable de créer un rapport de force avec l’expansionnisme de la droite israélienne. Un peu de recul ne peut qu’éclairer une situation qui est le résultat de quarante ans d’une diplomatie d’une cohérence tragique.

Entre radicalisme religieux provoqué et extrême droite mondiale décomplexée, le combat est immense. Rien n’est perdu d’avance.

L’Irak, pays en réelle voie de développement, fut sommé de faire la guerre contre l’Iran et sa révolution islamique (1980-1988) et en sortit fragilisé. Saddam Hussein, un temps l’ami de tous les Occidentaux, fut mis au ban, ostracisé et bientôt son pays, une première fois détruit en 1991, fut ravagé après 2003. Toute la zone en fut déstabilisée. La Syrie devait suivre, avec les horreurs d’une guerre civile qui ne pouvait que satisfaire les conservateurs israéliens.

Aujourd’hui, ce sont directement l’Égypte et la Jordanie, deux pays cherchant à leur tour des moyens d’élever leur niveau de vie, qui se voient menacés et sommés d’accueillir 2 millions de Palestiniens ; au risque, s’ils désobéissent, de se voir couper toute aide humanitaire. Ne parlons pas du Liban, dont la catastrophe économique et sociale constitue un motif de satisfaction pour les faucons de Netanyahou. Les pays du Golfe, et notamment ceux qui participent à la construction de cités dans le désert pour des Palestiniens chassés, ne sont pas en reste, mais cette fois réagissent bien tard, se retrouvant en accord avec l’Iran honni !

Pendant ce temps, les colons envahissent la Cisjordanie, au mépris du droit des Palestiniens. La solution de deux États vivant en paix est saccagée par ces diatribes américaines, qui révèlent non des propos désordonnés, mais un plan enfin dévoilé. Tout à coup, la perspective d’un grand Israël se concrétise sous nos yeux, au risque d’embraser toute la région. Car ne nous y trompons pas, la guerre actuelle construit une génération révoltée, enragée, et prête à une violence encore plus grande.

Comment pourraient réagir autrement les jeunes Palestiniennes et Palestiniens, les jeunes Libanaises et Libanais, et bientôt peut-être les jeunesses d’Égypte, de Syrie et de Jordanie ? Est-ce que l’Europe peut laisser faire cela ? Est-ce que nous abandonnerons les femmes et les hommes de bonne foi en Israël qui aspirent à la paix ? Allons-nous rester les bras ballants devant cette nouvelle forme de colonialisme qui produira, c’est forcé, des guerres d’une violence pires que celles que nous vivons ? Entre radicalisme religieux provoqué et extrême droite mondiale décomplexée, le combat est immense. Rien n’est perdu d’avance. En ce 80e anniversaire de victoire contre la barbarie, nous revoilà au pied du mur.

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