L’entretien constant de cette ambiguïté a aussi contribué largement à un affaiblissement durable du rôle politique du roi en Belgique, adoptant depuis une posture plus neutre et consensuelle.
Trois générations après la “question royale” et le référendum de 1950, les documents déclassifiés ont chaque fois eu un impact important sur l’image de la monarchie belge, en oscillant entre réévaluation nuancée de son attitude et condamnation persistante.
Aujourd’hui, c’est un coup de massue qui est porté à l’image du roi déchu. Dans l’ouvrage Rexit de Vincent Stuer on apprend que le quatrième roi des Belges avait élaboré, en 1942, avec ses hommes de confiance, un rapport de 22 pages projetant, après la guerre, la création d’une mini-Belgique, s’étendant sur la province du Hainaut et de Namur, où il pourrait continuer à gouverner avec autorité. Il était donc prêt à demander l’approbation d’Adolf Hitler pour y parvenir, alors que le clan des Alliés avait pris forme pour écraser le nazisme. De quoi ternir, si besoin en était encore, son règne.
Dans la balance entre monarque maladroit et incompris ou traître de la patrie, ce nouveau livre va alimenter clairement les soupçons de collaboration. Même si aucune preuve tangible ne vient confirmer cette accusation, Léopold III est semble-t-il condamné à être le roi le plus controversé de l’histoire de la monarchie belge.