Une tendance à la baisse peut être observée dans le domaine de l’asile en Suisse. La Confédération prévoit une diminution de 15% des demandes en 2025. Cette baisse ne se ressent cependant pas dans tous les cantons.
Au niveau suisse, une baisse de 8,2% des demandes d’asile a été constatée l’année dernière, en raison notamment de la chute massive des traversées de la Méditerranée et du recul de l’arrivée des ressortissants ukrainiens. Au niveau cantonal, la situation varie toutefois d’un endroit à l’autre.
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Ecart entre les cantons
Le canton de Fribourg connaît une baisse du nombre des demandeurs d’asile. Les foyers de Charmey et d’Enney vont donc fermer leurs portes. Ce sont 110 places en foyer qui sont biffées, sur les 1100 places toujours existantes. Berne va aussi fermer un foyer, en revanche aucun changement n’est prévu dans les cantons de Neuchâtel, du Jura et du Valais.
>> Le reportage du 19h30 dans le canton de Fribourg :
A Fribourg, la baisse des demandes d’asile permet la fermeture de deux foyers / 19h30 / 2 min. / aujourd’hui à 19:30
Le canton de Vaud prévoit la fermeture de deux foyers, mais l’ouverture de deux autres plus petits. Quant à Genève, c’est l’inverse: les autorités vont clore deux foyers relativement petits et en ouvrir deux plus grands.
Paradoxalement, les demandes d’asile en Suisse diminuent nettement, mais le nombre de personnes prises en charge par les dispositifs d’asile cantonaux augmentent. A Genève, on parle de près de 11’000 personnes fin 2024, ce qui représente 6,6% de plus qu’un an plus tôt. L’augmentation atteint 3% sur la même période dans le Jura.
Ces écarts s’expliquent en partie par le fait que certains cantons parviennent plus rapidement que d’autres à intégrer les requérants, qui sortent donc du dispositif de l’asile. Mais un rapport de la commission de gestion du Conseil des Etats publié lundi apporte d’autres renseignements.
Clé de répartition
La Confédération attribue les requérants d’asile aux cantons selon une clé de répartition, qui prend en compte plusieurs paramètres, notamment la population de chaque canton. Elle s’appuie également sur un algorithme hébergé dans le système électronique du Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) qui attribue les requérants d’asile à un canton en suivant cette clé de répartition. Mais dans trois cas sur cinq, les centres fédéraux d’asile modifient la recommandation émise par l’algorithme. D’après la commission de gestion du Conseil des Etats, il n’est pas toujours possible d’établir pourquoi ces changements ont été faits, mais elle estime qu'”une bonne moitié des modifications de l’attribution sont obligatoires” pour respecter le cadre légal. L’algorithme ne prend en effet pas en compte tous les critères d’attribution, notamment les liens de parenté. Un enfant aujourd’hui n’est pas forcément attribué au même canton que ses parents, ce qui doit être corrigé manuellement.
La répartition effective des requérants d’asile n’est donc pas toujours proportionnelle à la population cantonale constate le rapport. Des inégalités de traitement peuvent donc survenir entre les cantons. Certains cantons accueillent moins que ne le prévoit la clé de répartition, c’est le cas du canton de Vaud, d’autres accueillent davantage, comme Appenzell Rhodes Intérieures.
La commission est d’avis que de telles inégalités de traitement doivent être évitées, et ce par une application uniforme des directives correspondantes dans tous les centres. Elle recommande d’améliorer l’algorithme pour qu’il prenne en compte l’ensemble des critères.
Julien Chiffelle/edel avec ats