La tragicomédie “Anora”, faux conte de fées où une strip-teaseuse new-yorkaise s’amourache du rejeton d’un oligarque russe avant d’affronter le mépris de classe de sa belle-famille ultra-riche, a remporté dimanche l’Oscar du meilleur film.

L’œuvre de Sean Baker, sorte de Cendrillon réécrit pour une escort, a séduit l’Académie, grâce à sa plongée émouvante dans l’univers du travail du sexe et son humour salvateur face à la violence du capitalisme débridé.

Tourné pour seulement six millions de dollars, ce film d’auteur déjà récompensé par la Palme d’or à Cannes a remporté dimanche cinq Oscars, dont ceux de meilleur réalisateur pour Sean Baker et de meilleure actrice pour Mikey Madison.

A 25 ans, la comédienne américaine est la révélation de ce film, récompensé par la Palme d’Or à Cannes. Elle crée la surprise face à Demi Moore, qui semblait favorite avec son personnage d’ex-gloire d’Hollywood accro à un sérum de jouvence dans le film d’horreur “The Substance”.

“Je tiens à reconnaître et à honorer une nouvelle fois la communauté des travailleurs du sexe”, a déclaré la jeune femme en recevant sa statuette. “Je continuerai à soutenir et à être l’alliée de toutes les personnes incroyables. Les femmes que j’ai eu le privilège de rencontrer au sein de cette communauté ont été l’un des points forts de cette incroyable expérience”.

Mikey Madison a créé la surprise. [KEYSTONE - JORDAN STRAUSS] Mikey Madison a créé la surprise. [KEYSTONE – JORDAN STRAUSS] Un succès loin d’être écrit à l’avance

“Anora” était devenu en mai le premier film américain à conquérir Cannes depuis “The Tree of Life” de Terrence Malick en 2011. Mais sa voie vers les Oscars était loin d’être écrite d’avance.

Les précédents films de Sean Baker sur le travail du sexe comme “Tangerine”, “The Florida Project”, ou “Red Rocket” lui ont valu les louanges de la critique internationale et l’estime des cinéphiles, mais ils n’ont jamais vraiment fait recette dans les multiplexes de son pays natal.

Lorsqu'”Anora” n’a remporté aucun prix aux Golden Globes en janvier, son élan a donc semblé s’essouffler. Mais le bouche-à-oreille lui a tranquillement permis d’amasser 40 millions de dollars de recettes au box-office mondial, pendant que les polémiques engloutissaient le favori “Emilia Pérez”, coulé par les anciens tweets racistes de son actrice principale, Karla Sofia Gascon.

Face au naufrage du film de Jacques Audiard, “Anora” s’est alors imposé comme une oeuvre faisant l’unanimité, récompensée par différents prix remis par les syndicats de producteurs, réalisateurs, critiques et scénaristes américains.

Adrien Brody titré meilleur acteur une deuxième fois

Adrien Brody a remporté quant à lui l’Oscar du meilleur acteur pour son interprétation d’un architecte hongrois qui émigre aux Etats-Unis après avoir survécu à la Shoah, dans “The Brutalist”.

Adrien Brody a remporté l'Oscar du meilleur acteur pour "The Brutalist" lors de la 97e cérémonie des Oscars à Hollywood, Los Angeles, Californie, le 2 mars 2025. [REUTERS - Carlos Barria] Adrien Brody a remporté l’Oscar du meilleur acteur pour “The Brutalist” lors de la 97e cérémonie des Oscars à Hollywood, Los Angeles, Californie, le 2 mars 2025. [REUTERS – Carlos Barria]

Le comédien remporte ce prix pour la deuxième fois, 22 ans après l’avoir gagné pour “Le Pianiste”, où il incarnait déjà un survivant de l’Holocauste.

Il surpasse Timothée Chalamet (“Un parfait inconnu”), Ralph Fiennes (“Conclave”), Sebastian Stan (“The Apprentice”) et Colman Domingo (“Sing Sing”).

afp/ther