Washington (awp/afp) – Les marchés boursiers mondiaux ont évolué dans des directions opposées lundi, l’Europe a été catapultée par un secteur de la défense qui s’attend à des augmentations des dépenses militaires sur le continent, tandis que Wall Street a souffert des dernières annonces de Donald Trump sur les surtaxes douanières.
Le président américain a prévenu que le Canada et le Mexique n’avaient “plus de marge de manoeuvre” pour éviter l’entrée en vigueur dans la nuit de lundi à mardi des droits de douane de 25% sur la plupart de leurs produits importés aux Etats-Unis.
Il a par ailleurs signé lundi le décret imposant désormais 20% de droits de douane supplémentaires sur les produits chinois entrant aux Etats-Unis, contre 10% additionnels depuis début février.
Washington, Ottawa et Mexico négocient toujours afin d’interrompre durablement le flux vers les Etats-Unis de fentanyl, un puissant opioïde responsable de la mort de dizaines de milliers de personnes dans ce pays.
Donald Trump reproche au Canada, au Mexique et à la Chine de ne pas lutter assez efficacement contre ce trafic.
Le Dow Jones a reculé de 1,48%, l’indice Nasdaq a chuté de 2,64% et l’indice élargi S&P 500 a lâché 1,76%, sa plus grosse perte depuis décembre.
“A la veille de l’entrée en vigueur des droits de douane imposés par Trump au Canada, à la Chine et au Mexique, les investisseurs (ont vendu) les actions américaines au profit des actions européennes”, a relevé dans une note Jose Torres, d’Interactive Brokers.
Lundi, les indices européens ont profité d'”une nouvelle frénésie pour les valeurs de la défense”, a commenté Eymane Cherfa, analyste de Myria AM interrogé par l’AFP.
Elle fait suite au sommet à Londres dimanche, où les dirigeants européens ont resserré les rangs pour soutenir Kiev. Ils se sont engagés à dépenser davantage pour la sécurité et à constituer une coalition pour défendre toute trêve en Ukraine.
Cette “démonstration de coopération entre les dirigeants” européens a “renforcé les attentes selon lesquelles les budgets militaires augmenteront dans une nouvelle ère de collaboration pour contrer la menace russe”, a souligné Susannah Streeter, analyste chez Hargreaves Lansdown.
Ce sommet précédait un sommet européen extraordinaire consacré à l’Ukraine prévu le 6 mars à Bruxelles.
La Bourse de Francfort a atteint un nouveau record en séance à 23.307,97 points, et en clôture à 23.147,02 points, terminant en hausse de 2,64%. Londres (+0,70%) a également enregistré un nouveau record en séance à 8.908,82 points, comme à la clôture, à 8.871,31 points. A Zurich, le SMI a gagné 1,25%.
L’indice vedette de la Bourse de Paris, le CAC 40, a terminé en hausse de 1,09% après avoir frôlé son niveau record en séance comme en clôture.
La défense en grande forme ___
Londres a annoncé dimanche soir un accord pour fournir à Kiev plus de 5.000 missiles de défense aérienne fabriqués par l’usine de Thales à Belfast, en Irlande du Nord, pour un montant de 1,6 milliard de livres (1,94 milliard d’euros).
A Paris, Thales a bondi de 16,04% et Dassault Aviation de 14,77%. A Londres, BAE Systems a terminé en hausse de 14,58%.
A Francfort, Rheinmetall s’est envolé de 13,71% et Hensoldt de 22,25%, Saab de 11,56% à Stockholm et Leonardo de 16,13% à Milan.
Les rendements européens flambent, pas les américains ___
“Sur le plan budgétaire, l’augmentation des dépenses signifie également une augmentation des emprunts”, note Ipek Ozkardeskaya, analyste pour Swissquote Bank, ce qui pousse les rendements européens.
Sur le marché obligataire, le rendement à 10 ans de l’Allemagne était à 2,49% contre 2,41% vendredi, le britannique à 4,55% contre 4,48%. L’équivalent français évoluait à 3,21%, contre 3,14% à la dernière clôture.
Les rendements américains se détendaient de leur côté nettement, après les annonces sur la politique commerciale américaine, le dix ans évoluant autour de 4,16% contre 4,21% à la clôture vendredi.
L’euro gagne du terrain ___
Côté changes, l’euro profite également de l’ambition affichée de renforcer les dépenses liées à la défense, les cambistes anticipant des politiques budgétaires plus souples qui injecteront de l’argent dans l’économie.
Vers 22H20 GMT, la monnaie unique prenait 1,09% face au dollar, à 1,0488 dollar pour un euro.
Le pétrole a reculé, le Brent de la mer du Nord glissant de 2,13% à 71,62 dollars le baril et le WTI américain a perdu 1,99% à 68,37 dollars.
afp/rp