Suicide d’Evaëlle à 11 ans : jugée pour harcèlement, l’ex-professeure « ne pense pas avoir commis d’erreur »

by GonzagueFromNevers

13 comments
  1. EXCLUSIF. Pascale L. comparaît devant le tribunal correctionnel de Pontoise ce lundi pour avoir harcelé trois élèves, dont Evaëlle. Elle a accepté de répondre pour la première fois à nos questions Malgré des témoignages la mettant en cause, elle nie les faits.

    C’est une affaire rare et à la forte résonance médiatique qui sera étudiée au tribunal correctionnel de Pontoise lundi 10 et mardi 11 mars. Pascale L., professeure de français de 62 ans, sera jugée pour avoir harcelé trois de ses élèves au collège Isabelle-Autissier, à Herblay (Val-d’Oise). Le procès avait été renvoyé une première fois en octobre 2024. Parmi ses victimes présumées, Evaëlle, 11 ans, avait mis fin à ses jours par pendaison le 21 juin 2019, chez elle à Herblay-sur-Seine. La mise en cause encourt une peine de trois ans de prison et 45 000 euros d’amende. Elle a accepté de répondre pour la première fois, par téléphone, à nos questions. Elle conteste tout harcèlement, donne des explications très succinctes sur les témoignages concordants à son encontre. Et plaide sa liberté d’enseignement.

    Marie et Sébastien, les parents de la collégienne, estiment au contraire que le comportement de l’enseignante a été central dans le harcèlement subi par leur fille. L’enquête n’a en revanche pas démontré de lien direct avec son passage à l’acte, ce qui aurait fait encourir une peine beaucoup plus lourde à Pascale L.

    Les difficultés pour Evaëlle commencent à la rentrée 2018. Comme elle s’est cassé la cheville l’année précédente, son orthopédiste a mis en place un protocole afin d’alléger son cartable. La solution retenue consiste à remplacer tous les cahiers des différentes matières par un classeur unique. L’enseignante aurait alors constamment fait des remarques sur ce classeur et traiter l’enfant de « nulle », de « folle », lui adressant des remarques cinglantes.

    Quand ils l’apprennent, les parents d’Evaëlle prennent rendez-vous avec le principal. Mais la situation empire. Marie et Sébastien estiment que le harcèlement de la professeure de français « a glissé sur les élèves ». Plusieurs camarades de classe confirmeront aux enquêteurs qu’Evaëlle se prend régulièrement des injures et des coups par une poignée de collégiens.

  2. Alors que ce harcèlement touche au paroxysme, Pascale L. aurait décidé de consacrer deux heures à la « vie de classe » les 8 et le 13 février 2019. La collégienne aurait dû expliquer pourquoi « elle se sentait harcelée et exclue par la classe ». La jeune fille aurait fondu en larmes, mais Pascale L. se serait énervée et lui aurait ordonné de continuer à répondre aux questions.

    Les parents d’Evaëlle décident de la changer du collège. Une banale altercation avec un autre élève dans son nouvel établissement la replonge dans cet enfer passé du harcèlement. C’est par la mort qu’elle choisit d’y mettre fin.

    Comment avez-vous réagi en apprenant la mort d’Evaëlle en juin 2019 ?

    PASCALE L. Vous avez un petit moment… de flottement. Je l’ai apprise par une collègue qui m’a envoyé un texto. J’étais choquée, comme tout le monde, je pense.

    N’avez-vous pas opéré de rapprochement avec ce qu’elle avait vécu au collège Isabelle-Autissier, à Herblay-sur-Seine ?

    Il n’y avait pas lieu de faire un rapprochement. L’enfant était partie depuis plusieurs mois, elle était dans un autre collège.

    Ses parents estiment qu’il a pu y avoir un lien entre son suicide et le harcèlement qu’elle a subi tout au long de l’année. Qu’en pensez-vous ?

    Que les parents en soient persuadés, c’est une chose, je n’ai pas de commentaire à faire là-dessus. En tout état de cause, je ne suis ni de près ni de loin poursuivie par la justice pour ces faits (la juge a prononcé un non-lieu sur ce volet).

    « 

  3. Je gère ma classe et ma pédagogie comme je l’entends. On a quand même une liberté d’enseignement. »

    Pascale L.

    Au lieu d’emporter des cahiers pour chaque matière, Evaëlle utilise un classeur unique pour alléger son cartable. Tous ses professeurs acceptent sauf vous.

    Ce classeur, c’est un point de départ. Il m’a permis de voir qu’elle avait un certain nombre de difficultés importantes. De toute façon, il y a une liste de matériel remise en juin. Il n’y avait pas lieu qu’un enfant fasse différemment des autres.

    Mais c’est un médecin qui avait préconisé l’usage de ce classeur.

    Non, non. On ne m’a jamais rien présenté (sur les aménagements prescrits). Je suis désolée de vous dire que je gère ma classe et ma pédagogie comme je l’entends. On a quand même une liberté d’enseignement. J’ai pensé que l’enfant était en difficulté et que ses difficultés étaient amplifiées par ce classeur toutes matières où elle était totalement perdue, la pauvre.

    Des témoignages font état de commentaires visant Evaëlle de votre part à chaque cours concernant ce classeur.

    Non, pas particulièrement. C’est vrai que comme on se voyait à peu près cinq heures dans la semaine, il y avait forcément un moment où je demandais où on en était.

    Plusieurs élèves ont confirmé que vous aviez un comportement harcelant vis-à-vis d’Evaëlle. En avez-vous eu conscience ?

    C’est la parole d’élèves qui a été recueillie dans des circonstances dont on peut discuter. Je n’ai pas de commentaire là-dessus.

    Les parents d’Evaëlle considèrent que votre comportement a été un signal invitant les autres élèves à la harceler. Comprenez-vous pourquoi ?

    Non.

    Aviez-vous conscience qu’Evaëlle était harcelée par des élèves ?

    Absolument pas. Ni consciente ni informée.

    Il y a eu cette séance où vous avez invité toute la classe à l’interroger sur le harcèlement qu’elle subissait et qu’elle a décrite comme « la pire journée de sa vie ». Vous en souvenez-vous ?

    Je n’ai pas « invité » la classe. Il y a eu des élèves qui sortaient d’EPS et qui sont arrivés extrêmement énervés dans mon cours. Je les ai entendus échanger des insultes. Là, je me suis fâchée et j’ai dit : Ça suffit, il faut qu’on parle de ça et que ça s’arrête. C’est tout. C’est un échange qui a été fait sans qu’il y ait de parti pris de ma part.

    Les questions concernaient bien Evaëlle et le harcèlement qu’elle subissait ?

    Non, les questions portaient sur le fait que ces élèves-là, entre eux, n’arrêtaient pas de s’insulter, de dire : C’est la faute d’Evaëlle. Ou Evaëlle disait : C’est la faute à machin.

    Evaëlle n’était pas debout, face à la classe, sommée de répondre ?

    Non, jamais.

    C’est pourtant repris dans plusieurs témoignages.

    Un témoignage n’est pas forcément vrai.

    « Quand une telle chose vous tombe dessus, vous croyez vraiment que vous êtes mentalement en capacité de continuer à exercer votre métier ? »

    Pascale L.

    Après cet événement, ses parents ont refusé qu’elle retourne en cours avec vous. Comprenez-vous l’impact que ça a eu sur elle ?

    On a été alertés par un mail du chef d’établissement qu’elle allait changer d’établissement et ensuite qu’elle ne reviendrait plus en cours. Dans ce mail, il n’a pas été fait mention d’une forme de harcèlement. Le mot n’est même pas utilisé. Et d’ailleurs, ce n’est pas à la suite de cet incident, mais après, qu’elle s’est fait bousculer à un arrêt de bus.

    D’autres élèves ont décrit au cours de cette enquête un comportement harcelant de votre part. Ils assurent que vous aviez l’habitude de vous en prendre à ceux qui étaient en difficulté, que vous aimiez les rabaisser. Est-ce le cas ?

    C’est la parole d’élèves.

    C’est aussi la parole de parents d’élèves.

    Je n’ai pas plus de commentaire à faire. Je réserve mes réponses pour le tribunal.

    VidéoSuicide d’Evaëlle : « Les enseignants sont des justiciables comme les autres »

    Certains élèves se sont plaints de harcèlement de votre part après le décès d’Evaëlle. Voyez-vous pourquoi ?

    En même temps, il y avait un climat très compliqué dans l’établissement. Après, toutes les interprétations sont possibles.

    Votre contrôle judiciaire vous interdit d’enseigner à des mineurs. Sans cette décision, auriez-vous continué votre activité ?

    Non.

    Pourquoi ?

    À votre avis ? Quand une telle chose vous tombe dessus, vous croyez vraiment que vous êtes mentalement en capacité de continuer à exercer votre métier ?

    Estimez-vous que vous avez pu commettre une erreur ?

    À quel niveau ?

    Dans la façon de traiter certains de vos élèves.

    J’ai quand même plus de trente-trois ans d’expérience. Des erreurs, on en fait tous, mais spécifiquement et spécialement là, je ne pense pas en avoir commis.

  4. C’est dégueulasse . Effroyable qu’une petite ai eu a commettre un tel acte a cet âge là .

    La pascale a une place qui lui est réservée en enfer .

    Bien que y’ai une majorité de bons enseignants , moi aussi j’ai eu affaire a certains qui avaient contribué a mon harcèlement .

    Je sais comment tu t’es sentie evaëlle , et je suis profondément désolée que personne sois venu t’aider .

    Je suis désolée que tes derniers moments sur terre on été douloureux pour toi et j’espère que tu vas mieux là ou tu est .

    Toute mes condoléances les plus sincères au parents , cela doit être déchirant pour eux en plus de savoir que l’enseignante aura très surement une peine qui sera pas a la hauteur de son acte .

    Encore une victime de l’inaction du gouverment et des établissements scolaires face a l’harcèment et ça sera malheureusement pas la dernière .

    Repose en paix petit ange

  5. C’est incroyable la mauvaise fois de cette enseignante , l’histoire du classeur c’est juste dingue qu’elle n’ai pas percuté que la pauvre petite ne faisait pas ça pour le plaisir et puis l’humiliation devant la classe alors la c’est quand même quelque chose.

    Déjà personne n’aime être affiché aux tableaux pour n’importe quelle raison ( d’ailleurs les prof qui font ça sur des élèves timide ou avec des problème de confiance en soit…arrêté quoi ) mais alors avoué carrément qu’ont est harcelé devant tout le monde et devoir donné une raison a ça….comme si une enfant de 11 ans avait la réponse a la bêtise humaine.

    Perso je vois bien la bonne vielle prof a l’ancienne incapable de la moindre empathie et patience avec ce genre de situation et a prit la petite a part car elle demandait plus d’effort de sa part , triste et honnêtement 3 ans c’est très peux selon moi étant donné qu’elle ne semble pas avoir un peux de remord ou se remettre en question.

  6. C’est surprenant de faire une interview avant un procès dont on est l’accusé je trouve. Le risque de dire une connerie qui pourrait avoir de lourdes conséquences me semble assez important.

  7. Les profs qui psychotent à ce point parce qu’un élève utilise pas le cahier de la bonne couleur, c’est direction la retraite imho.
    Après, sans défendre la prof, ce suicide va beaucoup plus loin. Il y a un échec total du dispositif. Elle fait quoi la direction pour rappeler à l’ordre la prof ? Elle fait quoi la vie scolaire contre le harcèlement que les élèves font subir à la gamine ? Ils font quoi les parents à part la changer d’établissement ?

  8. C’est terrifiant quel ne risque que 3 ans :0

  9. Ce genre de prof m’a dégoûtée de l’école dès le primaire, et je viens d’une époque où on se prenait des torgnoles, tiré les oreilles les cheveux, les coups de règles..etc C’était normal nous disaient nos vieux..
    Rien l’incrimine directement, la meuf va passé entre les gouttes, au pire mise à la retraite anticipée.. et elle n’aura jamais remis en cause sa “pédagogie”… À vomir tout ça..

  10. Les élèves imitent les adultes. Quand un adulte en position d’autorité harcèle des gamins, les autres gamins sont tacitement autorisés à harceler aussi.

    Non seulement cette petite fille est une victime directe et c’est atroce, mais comment vont se sentir les autres enfants plus tard, quand ils vont réaliser ce qu’ils ont fait? ça donnera des adultes traumatisés aussi: le reste de la classe est rempli de victimes indirectes du comportement haineux de cette enseignante.

  11. J’aimerais tellement que l’enfer existe pour que cette prof termine là-bas.

  12. Tellement brise le cœur de lire ça. Que justice soit rendu bordel, elle est coupable et est responsable et doit assumer les conséquences. son comportement c’est juste pas normal

Comments are closed.