Ce recours croissant aux équipements américains intervient alors même que le volume d’importations européennes a plus que doublé dans la période du fait du réarmement global engagé par les nations du vieux continent après l’invasion de l’Ukraine par la Russie.


Sans surprise, l’étude montre que l’Ukraine est devenue le premier importateur mondial d’armes aux cours de la période 2020-2024 captant près de 8,8% des livraisons d’armes exportées. Les Etats-Unis sont, de loin, son premier fournisseur d’armes, pesant pour 45% de ses importations loin devant l’Allemagne (12%) et la Pologne (11%).


Pas de préférence européenne


Les Européens boudent leurs voisins quand il s’agit d’acheter des armes. Ainsi la France ne pèse que pour 6,5% des achats des pays européens de l’Otan, contre 4,7% pour l’Allemagne. Pourtant, la France tire son épingle du jeu dans le classement des pays exportateurs d’armes, s’arrogeant la seconde place mondiale devant la Russie. Sur la dernière période, la France représente 9,6% des exportations mondiales d’armes, loin derrière les Etats-Unis (43%) mais devant la Russie (7,8%). «Les exportations françaises d’armes majeures vers d’autres États européens ont presque triplé entre 2015-19 et 2020-24. Cela s’explique principalement par les livraisons d’avions de combat à la Grèce et à la Croatie, ainsi que par les livraisons d’armes à l’Ukraine», souligne l’étude.


Mais le mouvement reste timide. Forte de son leadership européen, la France souhaite que ses alliés européens changent leur fusil d’épaule et achètent davantage à des industriels européens. A l’occasion de ses vœux aux armées, en janvier, le président Emmanuel Macron avait défendu la préférence européenne en matière d’achat d’armement. Il avait regretté le réflexe de nombreux pays alliés à acheter du matériel américain quand des alternatives européennes existent.


Les industriels français, et notamment Eric Trappier, patron de Dassault Aviation, dénoncent également ce réflexe américain et la propension des voisins de la France à acheter par exemple des F35 américains plutôt que des Rafale produits en France ou des Eurofighter produits en Allemagne, en Italie et en Espagne. Selon le Sipri, les Etats européens membres de l’Otan attendent encore la livraison de près de 500 avions de combat et de nombreuses autres armes commandées aux Etats-Unis.


Un effet Trump attendu


Toutefois, avec le nouveau virage pris par l’administration américaine vis-à-vis de l’Ukraine, la tendance pourrait s’inverser. «Face à une Russie de plus en plus belliqueuse et à des relations transatlantiques tendues pendant la première présidence Trump, les États européens membres de l’Otan ont pris des mesures pour réduire leur dépendance aux importations d’armes et pour renforcer l’industrie européenne de l’armement», précise Pieter Wezeman, chercheur principal au programme Transferts d’armes du Sipri, cité dans le communiqué de presse présentant l’étude.


Réunis le 6 mars dernier, les dirigeants de l’Union européenne ont validé un plan d’investissement d’au moins 800 milliards d’euros pour renforcer leur défense. En identifiant des priorités en termes d’armement : la défense antiaérienne et antimissiles, les drones, les capacités de frappe en profondeur, les technologies spatiales ou encore l’intelligence artificielle appliquée à la défense et la cybersécurité.