Le député LFI Raphaël Arnault avait invité pour une table ronde, ce mercredi à l’Assemblée, une association qui émane du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), dissout il y a plus de quatre ans. Des députés ciottistes et du RN ont souhaité y assister et de violents échanges s’en sont suivis.

«Allez, cassez-vous les fascistes, au revoir les racistes ! Disparaissez !». Le député LFI Raphaël Arnault ne cache pas son agacement. Il est un peu plus de 15h30, ce mercredi, au Palais Bourbon. La scène se passe à l’entrée d’une petite salle de l’Assemblée nationale mise à disposition des députés pour travailler. Emmenés par la députée ciottiste Hanane Mansouri, plusieurs élus des groupes Union des droites pour la République (UDR) et Rassemblement nationale viennent d’arriver. Parmi eux, Charles Alloncle (UDR), Bartholomé Lenoir (UDR), Julien Odoul (RN) ou encore Manon Bouquin (RN). De l’autre côté de la porte, quelques députés LFI, comme Raphaël Arnault ou Farida Amrani. Et de nombreux militants associatifs, invités par les parlementaires mélenchonistes.

Les députés du camp nationaliste viennent d’interrompre une table ronde organisée par les Insoumis. Ils souhaitent leur remettre, dixit Hanane Mansouri, l’acte de dissolution du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) publié en 2020 au Journal officiel. Au début plutôt calme, le député LFI Raphaël Arnault s’agace, puis s’énerve sincèrement. «Pourquoi tu fais le malin toi ?», lance-t-il à Charles Alloncle. Le ton monte entre les différents protagonistes. Plusieurs huissiers, qui guettaient la scène non loin de là, interviennent. Et demandent aux députés nationalistes de partir.

Une réunion autorisée par la présidente de l’Assemblée

La polémique était presque écrite d’avance. Il y a quelques jours, lorsque le député LFI Raphaël Arnault publie son agenda de la semaine sur sa page Facebook, il révèle notamment qu’il participera à une table ronde contre l’islamophobie aux côtés de plusieurs associations. Parmi elles, le Collectif contre l’islamophobie en Europe (CCIE), association belge suspectée de vouloir poursuivre les activités du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF). Ce dernier avait été dissout en décembre 2020 par le ministre de l’Intérieur de l’époque, Gérald Darmanin, pour «propagande islamiste».

Sur les réseaux sociaux, plusieurs élus, relèvent alors relevé la proximité entre le CCIE et le CCIF. Alertée sur cette invitation, la présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet a dans la foulée annoncé avoir fait les «vérifications requises» et confirmé qu’en «l’état des informations disponibles», la réunion pouvait «se tenir sous réserve que soient respectées les règles de comportement qui s’imposent dans une enceinte démocratique». Tout en rappelant qu’il était «condamnable» que certains élus s’écartent de leur devoir d’exemplarité «en faisant entrer à l’Assemblée des personnes dont les pratiques et les discours apparaissent comme contraires aux valeurs de la République».

Lors des questions au gouvernement, mercredi après-midi, le député LR Vincent Jeanbrun s’est d’ailleurs ému de cette invitation. «Cet organisme dissout pour sa propagande en faveur de l’islamisme radical et anti-républicain revient sous le nom de CCIE, avatar à peine déguisé du CCIF, et sera accueilli sans honte par le député LFI Raphaël Arnault à l’Assemblée nationale. C’est une honte !», dénonce-t-il notamment.

«Associations islamistes»

Quelques minutes après les tensions, les députés nationalistes se sont rendus salle des Quatre Colonnes de l’Assemblée nationale pour dénoncer la tenue de cette réunion et expliquer leur initiative. «Nous avions appelé à l’annulation de cette table ronde avec un certain nombre d’associations islamistes dont une avait été dissoute par Gérald Darmanin. Nous nous y sommes tout de même rendu pour donner à Raphaël Arnault l’acte officiel de dissolution», explique Hanane Mansouri (UDR). Avant d’ajouter : «Nous avons reçus un certain nombre de menaces. Notre Assemblée mérite un peu mieux que de recevoir des associations islamistes en son sein».