La cicatrice est encore bien visible, deux semaines après les faits. « Les crampons, ça laisse des traces », sourit tristement Diaby Bakary. Alors qu’il arbitrait un match de football de Départemental 2 opposant Montbazon à Luynes, le 2 mars 2025, le trentenaire a reçu un coup de pied au bas-ventre de la part du gardien de l’US montbazonnaise. « Tout est allé très vite, confie-t-il. Je suis grand mais, la vérité, j’ai vraiment eu peur. »

La scène survient peu après la 84e minute d’un match serré, avec cinq cartons jaunes distribués. Montbazon menait 2-1 lorsque les visiteurs ont arraché l’égalisation. « Un but contesté, se souvient Diaby Bakary. Pour l’US montbazonnaise, il y avait faute. » L’un des joueurs devient de plus en plus agressif envers lui. L’arbitre porte la main à sa poche, prêt à le sanctionner d’un carton blanc (1), mais le footballeur s’attend à le voir brandir un carton rouge et s’emporte alors davantage. Les insultes fusent, et c’est là que le gardien cède à un coup de sang et frappe Diaby Bakary.

« Je n’ai rien vu venir, explique le directeur de jeu. Le gardien, c’est lui qui avait raisonné les autres et appelé au calme le reste du match. » Même s’il s’agissait d’un match « à enjeu », avec deux équipes chacune bien décidée à « monter », Diaby Bakary ne comprend pas comment la situation en est arrivée à atteindre un tel niveau de violence : « Il restait du temps de jeu, tout était encore possible. » Même après l’interruption du match, il décrit une équipe particulièrement hostile à son égard sur le chemin vers son vestiaire : « On m’a craché dessus, on m’a menacé en m’assurant qu’ils savaient où j’habitais, se rappelle-t-il encore avec effarement. Heureusement, l’arbitre de ligue est venu à mon secours. »

Dix jours d’incapacité totale de travail

L’observateur du district l’a également raccompagné jusqu’à sa voiture. Quatre jours d’incapacité totale de travail avaient été initialement prescrits à l’arbitre. Son médecin généraliste en a finalement ajouté six autres, prolongeant sa convalescence. « Je vais mieux, aujourd’hui, rassure le trentenaire, même s’il assure avoir été très choqué, sur le moment. Je pensais arrêter mes missions d’arbitrage, le jour où ça s’est passé. »

Mais l’Union nationale des arbitres de football d’Indre-et-Loire (Unaf 37) est aussitôt venue à son chevet, à l’hôpital, et ses collègues l’ont submergé de messages de soutien. Ils ont également choisi de déserter les pelouses, deux week-ends d’affilée, pour protester contre les violences dont il a été victime. « Cela m’a permis de tenir, confie-t-il, précisant avoir pris la décision de reprendre l’arbitrage. Le football reste ma passion. »

Avec l’Unaf 37, il a déposé plainte dès le 3 mars 2025. En parallèle, une inspection interne a été lancée dans la perspective d’une commission disciplinaire. D’ici là, les trois joueurs impliqués ont été suspendus à titre conservatoire.