Un panache de fumée à la suite d’un bombardement à Sanaa, la capitale du Yémen, le 15 mars 2025. Un panache de fumée à la suite d’un bombardement à Sanaa, la capitale du Yémen, le 15 mars 2025. OSAMA ABDULRAHMAN / AFP

Au moins trente et une personnes, selon un bilan annoncé dimanche 16 mars, ont été tuées au Yémen par une série de bombardements américains la veille contre les rebelles houthistes à la suite de leurs menaces contre le commerce maritime.

Les Etats-Unis ont mené « une action militaire décisive et puissante » contre les houthistes au Yémen, a déclaré Donald Trump. « Nous utiliserons une force létale écrasante jusqu’à ce que nous ayons atteint notre objectif », a-t-il prévenu. Il s’agit des premières frappes américaines contre les houthistes depuis le retour du président américain à la Maison Blanche, le 20 janvier.

Selon le ministère de la santé des houthistes, ces bombardements ont visé la capitale, Sanaa, les gouvernorats de Saada (nord) et d’Al-Bayda (centre) ainsi que la ville de Radaa (centre). Ils ont fait au moins trente et un morts et cent un blessés, « pour la plupart des enfants et des femmes », a rapporté sur le réseau social X le porte-parole du ministère, Anis Al-Asbahi.

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« Cette agression ne restera pas sans réponse, et nos forces armées sont prêtes à répondre à l’escalade par l’escalade », a déclaré le bureau politique des rebelles dans un communiqué diffusé par la chaîne Al-Massirah. Les houthistes contrôlent de larges pans du Yémen en guerre, dont la capitale.

De son côté, l’Iran, qui soutient financièrement et militairement les rebelles houthistes, a « condamné fermement les frappes aériennes barbares menées par les Etats-Unis », rapporte un communiqué de la diplomatie iranienne dimanche, qui déplore des « dizaines de morts et de blessés », dont des « femmes et enfants yéménites innocents ».

Soutien à Gaza

Samedi soir, la télévision des rebelles, Al-Massirah, avait annoncé qu’une « attaque américano-britannique » avait visé le district de Shououb, dans le nord de Sanaa, ainsi que Saada, fief des rebelles dans le nord du Yémen. Londres n’a pas annoncé de frappes. Un photographe de l’Agence France-Presse (AFP) présent dans la capitale yéménite a entendu trois explosions et vu des panaches de fumée s’élever d’un quartier résidentiel.

Ces bombardements surviennent après l’annonce par les houthistes, le 11 mars, de leur intention de reprendre les attaques qu’ils menaient depuis plus d’un an au large du Yémen contre des navires de commerce qu’ils estiment liés à Israël. Ces rebelles, qui soutiennent le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza, ont affirmé que cette décision avait été prise à la suite du refus d’Israël de permettre l’acheminement de l’aide humanitaire vers la bande de Gaza, dévastée par quinze mois de guerre.

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« Vos attaques doivent cesser à partir d’aujourd’hui », a lancé M. Trump au sujet des « terroristes houthistes », auxquels il a promis « l’enfer ». Sur son réseau Truth Social, le président américain a aussi adressé un message à l’Iran : « Le soutien aux terroristes houthistes doit s’arrêter immédiatement ! Ne menacez pas le peuple américain, leur président (…) ou les routes maritimes mondiales. Et si vous le faites, attention, parce que l’Amérique vous en tiendra totalement responsables et nous ne vous ferons pas de cadeau ! »

« Le gouvernement américain n’a ni l’autorité ni le droit de dicter la politique étrangère de l’Iran », a répondu sur X le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghtchi, appelant à « cesse[r] de tuer le peuple yéménite ». « Plus de 60 000 Palestiniens ont été tués et le monde tient l’Amérique pleinement responsable », a ajouté M. Araghtchi, en référence au soutien indéfectible des Etats-Unis à Israël, dans sa guerre à Gaza contre le Hamas.

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« Organisation terroriste étrangère »

Les houthistes font partie de ce que l’Iran appelle l’« axe de la résistance » à Israël, qui regroupe aussi le mouvement islamiste palestinien Hamas et le Hezbollah libanais. Saluant le « soutien » apporté par les houthistes au peuple palestinien dans la bande de Gaza, le Hamas a condamné samedi, dans un communiqué, « l’agression aérienne américano-britannique », la qualifiant de « violation flagrante du droit international ».

Depuis novembre 2023, les houthistes ont mené des attaques au large du pays contre des navires qu’ils estimaient liés à Israël, mais aussi aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Ils disent agir en solidarité avec les Palestiniens. Le 19 janvier, les houthistes avaient cessé leurs attaques en raison de l’entrée en vigueur d’une trêve fragile à Gaza, avant d’affirmer les reprendre en mars.

Les attaques contre les navires ont perturbé le trafic en mer Rouge et dans le golfe d’Aden, une zone maritime essentielle pour le commerce mondial, poussant les Etats-Unis à mettre en place une coalition navale multinationale et à frapper des cibles rebelles au Yémen, parfois avec l’aide du Royaume-Uni.

Selon le porte-parole du Pentagone, Sean Parnell, les houthistes ont « attaqué des navires de guerre américains 174 fois et des navires commerciaux 145 fois depuis 2023 ». Au début de mars, les Etats-Unis ont classé les houthistes comme « organisation terroriste étrangère », après la signature d’un décret en ce sens par Donald Trump.

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Le Monde avec AFP

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