VU D’AILLEURS – Dans un entretien donné à la Gazeta Wyborcza, l’auteur franco-américain du livre Les Bienveillantes revient sur les potentielles suites de la guerre en Ukraine.
Par Wiktoria Bieliaszyn (Gazeta Wyborcza)
Qu’est-ce qu’un endroit « difficile à vivre » ? C’est ainsi que le titre de votre dernier livre a été traduit en polonais.
Jonathan Littell – Vous savez, Babi Yar est un endroit où la présence de la mort est palpable, mais où personne ne semble y prêter attention. J’y ai passé beaucoup de temps. C’est un magnifique parc avec de nombreux monuments, des habitations et une station de métro. Tout cela a été érigé sur le site d’un massacre de Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, et on continue d’y découvrir des restes humains lors de travaux.
À proximité de ce parc se trouvent d’autres lieux moins agréables, tels qu’un hôpital psychiatrique et une morgue. Tout cela crée un espace étrange où le passé, chargé de mystères, rencontre le présent, qui n’est pas moins mystérieux.
Vous avez constaté un contraste similaire à Boutcha.
Boutcha est un endroit charmant, où il faisait bon vivre. Il y a le lac, les datchas, ces petites maisons en bois. Avant…