C’est un virage complet que viennent d’opérer l’Allemagne et le futur chancelier Friedrich Merz, qui s’était lui-même déclaré contre l’endettement massif. Le leader conservateur s’y est résolu sous la pression des événements, la nécessité d’investir. La constitution, qui interdisait le déficit, a donc été réformée. Le vote de confirmation a eu lieu vendredi au Sénat. Et c’est une décision qui va avoir un impact économique très important sur la zone euro et la France.

Cela signifie que l’Allemagne va dépenser énormément dans les prochaines années, sous une double forme. D’abord, un fonds de 500 milliards d’euros pour moderniser les infrastructures, les routes, le rail, la production d’énergie. Ensuite, l’Allemagne n’a pas de limites pour augmenter le budget de la Défense, de 40 à 50 milliards par an. On parle donc d’un millier de milliards d’euros de dépenses dans les années qui viennent.
 
Alors, qu’est-ce que ça peut changer pour nous ? D’abord, plus de croissance. L’Allemagne est collée à zéro depuis trois ans, son activité va augmenter sensiblement. C’est bon pour le partenaire commercial que nous sommes. Il faut rappeler que dans la seule période comparable, au moment de la réunification il y a 35 ans, qui avait demandé d’énormes investissements, la demande allemande était telle que nous étions en excédent commercial avec notre voisin. Tant mieux, donc.

Les taux d’intérêts tirés vers le haut, un futur concurrent dans l’armement

Mais il peut aussi y avoir des effets pervers. Les taux d’intérêt de toute l’Europe vont être tirés à la hausse par ces emprunts énormes de l’Allemagne, qui vont augmenter la demande d’argent. Sur les derniers jours, les taux français sont passés de 3,2 à 3,6%, à cause de cela. Ce n’est pas terrible pour nos crédits immobiliers, qui vont monter aussi, et pour le coût de la dette publique, également à la hausse.
 
Notre industrie de l’armement peut-elle profiter de ce surcroit de commande ? J’aurai une analyse prudente. Parce que sur le moyen terme, cela signe la reconstruction du potentiel militaro-industriel allemand, qui tournait à bas régime depuis la guerre. Les Français vont donc avoir aussi de sérieux concurrents. Avec lesquels il va falloir en plus se mettre d’accord pour les futurs programmes industriels communs ou coordonnées. Cela ne va pas être facile. L’économie de guerre, ce sera un combat aussi entre alliés.
 
En tout cas, la France et l’Allemagne se ressemblent davantage ce matin. Les deux pays partent dans la dette à fond. Mais vous noterez quand même que ce n’est pas la même dette. Les Allemands empruntent pour moderniser leur pays. Nous, c’est pour rembourser les grippes et payer les allocations logement.

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