La mobilité électrique évolue rapidement, portée par des avancées qui vont bien au-delà de l’électrification des parcs automobiles : entre 2023 et 2024 par exemple, le nombre de points de recharge de véhicules électriques dans l’UE a progressé de 25% environ et de 31 % en France.

Arrivées de nouveaux opérateurs, pics de déplacements, performance des infrastructures de recharge… à mesure que notre monde devient plus numérique et automatisé, l’interopérabilité et la standardisation apparaissent comme des éléments clés pour garantir une expérience fluide aux utilisateurs. L’avenir ne dépendra pas seulement des infrastructures physiques, mais aussi de l’intégration des réseaux, de l’intelligence artificielle (IA) et de la blockchain.

Desfreins àl’interopérabilitéde larechargeélectrique enEurope

L’un des principaux défis de la mobilité électrique est la fragmentation des services de recharge. Malgré une maturité inégale des marchés au sein de l’Europe, encore trop d’opérateurs et fournisseurs de services de mobilité utilisent des systèmes propriétaires, compliquant l’expérience des conducteurs.

En France par exemple, plusieurs opérateurs privés développent leurs propres réseaux (Ionity, TotalEnergies, Electra, Tesla, Freshmile, etc.), chacun ayant ses propres cartes et systèmes de tarification, avec des standards parfois non interopérables. Au Portugal à l’inverse, l’entité unique Mobi.E a permis jusqu’ici un bon niveau d’interopérabilité nationale.

Reste qu’un conducteur traversant l’Europe peut se retrouver face à des bornes incompatibles avec son application ou sa carte, ce qui souligne la nécessité de solutions transfrontalières.

L’adoption de standards communs est essentielle pour assurer un réseau de recharge plus accessible et interconnecté. Parmi les plus importants, on retient l’OCPP (Open Charge Point Protocol) qui assure la communication entre les bornes et les opérateurs, ou encore l’OCPI (Open Charge Point Interface) qui facilite le roaming entre différents réseaux de recharge. La norme ISO 15118 permet quant à elle des fonctionnalités avancées comme le “Plug & Charge”, qui simplifie l’authentification automatique du véhicule.

En Europe, construire ensemble un système interopérable va vite devenir indispensable pour offrir une mobilité électrique évolutive et inclusive. Le pays ou la région qui mettra en place ces standards et une réglementation adaptée deviendra à coup sûr un leader du secteur de la mobilité électrique mondiale.

L’intelligence artificielle, un tournant pour la mobilité électrique

Avec l’essor des assistants IA dans la gestion des recharges, les tâches qui nécessitent encore une intervention humaine seront très vite automatisées. Bientôt, recharger un véhicule sera aussi simple que de créditer son portefeuille numérique.

Car l’IA ne se contente pas de simplifier la recharge, elle offre aussi des avantages concrets : comme la réduction des coûts (sélection automatique des bornes les plus économiques et les plus rapides), la gestion intelligente et stabilité du réseau (Vehicle-to-Grid – restitution de l’énergie du véhicule lors des pics de demande) ou encore la recharge plus verte par l’ajustement des sessions de recharge quand l’énergie solaire ou éolienne est abondante).

Mieux, grâce à la blockchain et aux contrats intelligents, réputés autonomes et inviolables, les utilisateurs pourront même pré-approuver des transactions avec certains fournisseurs pour automatiser le tout, du paiement à la recharge et à la restitution d’énergie. Bien sûr, cela suppose une réglementation claire et des tests rigoureux pour garantir la sécurité et la fiabilité des transactions.

Une réglementation à la hauteur del’innovation

Mais l’essor du roaming universel et de l’IA dans la mobilité électrique ne dépend pas uniquement de la technologie. Une réglementation proactive est essentielle pour garantir un cadre favorable pour l’ensemble de la chaîne d’acteurs, jusqu’au consommateur, qui évite les obstacles bureaucratiques ou les monopoles de marché.

L’Union européenne a déjà progressé avec le règlement sur les infrastructures pour carburants alternatifs (AFIR), qui impose l’interopérabilité et la transparence tarifaire.

En France, le pilotage est encore fragmenté, la régulation et le déploiement des infrastructures de recharge étant répartis entre la DGEC pour la stratégie nationale, la DGE pour l’accompagnement industriel et réglementaire, et les collectivités locales qui gèrent les schémas de déploiement. Au Portugal, des organismes comme l’ERSE et la DGEG définissent les règles d’accès aux infrastructures de recharge pour garantir une innovation fluide et efficace.

Plutôt qu’un frein, la réglementation doit être un accélérateur de l’innovation. En adoptant des cadres législatifs flexibles et adaptés, les pays qui favoriseront une mobilité électrique fluide et intelligente prendront une longueur d’avance sur la scène internationale.

Avec l’adoption de standards universels simplifiant l’accès aux bornes de recharge, nous passerons d’un système opaque et complexe à une infrastructure transparente, efficace et sécurisée, où recharger un véhicule sera aussi simple que de le stationner. L’idéal serait un avenir simple et sans barrières : arriver, recharger et repartir, sans cartes, sans paperasse, juste une technologie intelligente au service des utilisateurs.