Armes, munitions, mais surtout hommes : trois ans après le début du conflit à grande échelle, l’Ukraine manque de tout, face à des avancées russes lentes mais constantes, rendues possibles par la supériorité numérique de Moscou sur plusieurs fronts. Les drones, utilisés depuis le début du conflit par Kiev, pourraient cependant aider à terme à pallier ce déficit crucial de soldats. L’armée ukrainienne est en effet devenue pionnière dans l’utilisation combinée d’engins terrestres et aériens pilotés à distance, capables de dévaster leurs adversaires sans exposer ses troupes.
Une opération historique
Ce qui n’aurait pu être qu’une opération ukrainienne de routine contre un bunker russe de la région de Kharkiv, au cours du mois de décembre, a marqué une étape charnière du conflit. Plutôt que d’envoyer ses précieux hommes, Kiev a à la place employé une cinquantaine de drones terrestres et aériens armés de mitrailleuses et bombes, qui ont combattu pendant cinq heures les forces russes en présence.
Les armes utilisées dans la guerre en Ukraine
Comme le souligne le Wall Street Journal, cet assaut serait l’opération la plus large et coordonnée jamais menée exclusivement via des drones terrestres et aériens. Si l’opération a rencontré quelques problèmes, notamment en raison d’un terrain difficile à manœuvrer pour les drones terrestres, son résultat est sans appel : l’Ukraine a réussi à détruire une position adverse sans subir de pertes humaines, illustrant le rôle grandissant de ses robots terrestres sur le front.
Une versatilité très appréciée par les soldats
Au-delà de leur emploi direct lors d’opérations de combat, ces drones terrestres sont également employés pour poser des mines, transporter des munitions, voire évacuer des soldats blessés. Couplés à des engins aériens pilotés à distance, ils permettent aux forces ukrainiennes d’employer moins d’hommes sur le front, ou d’épauler ces derniers lors d’opérations. “Ils peuvent être déployés à tout moment de la journée et par tous les temps. C’est leur principal avantage par rapport aux drones aériens” , note “Agronom”, commandant d’une unité de drones ukrainienne, auprès de Meduza.
“Et il y a la guerre électronique. Les systèmes de brouillage peuvent être activés et désactivés par intervalles de 15 minutes. Si nous perdons la connexion avec un drone terrestre pendant 15 minutes, nous pouvons simplement attendre. Une fois que le brouillage s’arrête, nous continuons. Mais un drone aérien ? S’il perd la connexion, il s’écrase ou dérive”, souligne le soldat.
Si les robots terrestres sont encore peu nombreux en comparaison avec leurs comparses aériens, ces nouveaux modèles sont au cœur d’une véritable course aux armements entre Moscou et Kiev, qui tentent tous deux d’employer le plus efficacement possible cette nouvelle technologie encore peu exploitée sur d’autres champs de bataille. Difficile encore de savoir qui pourrait prendre l’avantage sur ce terrain : bien que l’Ukraine ait démontré une grande habileté technique depuis le début du conflit, l’assèchement de l’aide américaine et les plus grandes ressources russes pourraient finir par donner l’avantage au Kremlin.