Faux sites d’information, comptes fictifs sur les réseaux sociaux, manipulations de l’information… « la France est une cible privilégiée ». « Elle est, après l’Ukraine, le pays le plus visé en Europe par les tentatives de manipulation (de l’information) de l’étranger », a affirmé François Bayrou ce vendredi, devant le Forum 2025 de Viginum, l’organisme français, qui dépend de Matignon, de lutte contre les ingérences numériques étrangères qui s’interroge cette année sur la manière de « protéger la démocratie face aux manipulations de l’information ».
« On peut en détecter des manipulations venant de Chine. On en détecte des interventions massives venant de Russie », a ajouté le Premier ministre, en citant un rapport du Service européen pour l’action extérieure. Sur 505 incidents relevés en Europe entre 2023 et 2024, 257 concernaient l’Ukraine, et 152 concernaient la France. « C’est dire à quelle hauteur, à quelle échelle notre pays est visé. La menace est là. C’est une menace intime, proche de nous, qui touche chaque Français, dans la mesure où notre société est devenue une société des écrans », a-t-il souligné en mettant en garde contre l’intelligence artificielle qui « permet à cette manipulation de s’exercer à une échelle jamais atteinte ».
« Or une démocratie est le seul régime qui ne puisse pas durer si les citoyens n’ont pas accès à une information vraie, fiable », a poursuivi François Bayrou, lors de cette même intervention. « L’enjeu est géopolitique, il est technique, mais il est surtout politique au sens citoyen du terme. Il en va de notre capacité à former une communauté unie derrière un même idéal démocratique. »
La guerre de l’information
« Nous paraissons en paix et pourtant nous sommes déjà en guerre », une « guerre singulière » qui « pour être virtuelle ou hybride, n’en est pas moins réelle. C’est la guerre informationnelle », a-t-il martelé, en saluant dans Viginum un « moyen efficace d’action » dans cette guerre « qui met le respect de la loi et des libertés fondamentales au cœur de son fonctionnement ».
Dans un rapport publié en février, Viginum avait décrit comment la Russie déployait depuis trois ans une campagne très organisée de guerre informationnelle pour légitimer et engranger du soutien à sa guerre en Ukraine, témoignant d’une « vraie culture stratégique » dans ce domaine.