Nouvelle arrestation dans l’affaire Caliweed. Youssef, 45 ans, a été interpellé le 26 mars à l’aéroport d’Orly (Val-de-Marne) alors qu’il arrivait du Maroc. Ce livreur avait échappé à la première vague d’interpellations menée le 5 juin dernier à Paris et en banlieue par les enquêteurs du service départemental de police judiciaire du Val-de-Marne.
« Cette nouvelle branche du réseau était dans le collimateur des forces de l’ordre depuis le 12 mars 2024 et après de nombreuses heures de surveillance, cette opération avait permis d’arrêter cinq suspects, note une source proche de l’affaire. Les perquisitions, menées notamment dans le XIXe arrondissement de la capitale et à Savigny-le-Temple (Seine-et-Marne), avaient permis de saisir 180 kg de cannabis ».
Une enquête commencée il y a un an
Ce dernier suspect a été placé en garde à vue dans les locaux de la police judiciaire (PJ) de Créteil. « Il est passé aux aveux sans difficulté », précise une source proche du dossier. Youssef explique avoir été recruté après avoir répondu à une annonce sur « Telegram », où le groupe se faisait appeler « Caliweed 94 800 ».
Il a connu le réseau en tant que client avant d’être embauché comme livreur. Après avoir répondu à l’offre d’emploi, il a été contacté via l’application Signal. « Lors de son recrutement, il avait fourni une pièce d’identité et un justificatif de domicile comme le demande toujours cette PME de livraison à domicile », détaille cette même source.
Entre quinze et vingt clients par jour
Chaque nuit lui parvenait, via cette même messagerie cryptée, une liste des clients à servir. Il récupérait ensuite la marchandise sur le parking d’un centre commercial. Les sacs contenant les stupéfiants étaient déjà préparés avec les coordonnées des clients. Youssef vérifiait que les sacs contenaient bien l’intégralité des commandes du jour avant de prendre la route. L’employé révèle qu’il livrait entre quinze et vingt clients par jour, principalement dans les départements du Val-de-Marne, de l’Essonne et de la Seine-et-Marne. Youssef était payé 15 euros par livraison, ce qui lui a permis d’empocher 4 500 euros par mois.
À la fin de sa tournée, il remettait entre 3 000 et 5 000 euros par jour à un collecteur. Pourquoi cet habitant de Longjumeau s’est-il lancé dans ce commerce illégal ? Parce qu’il avait besoin de gagner de l’argent rapidement pour « sortir la tête de l’eau ». Mais une fois qu’il a empoché assez d’argent, il a décidé de prendre la fuite à Tanger pour couper court avec les trafiquants. Youssef a été mis en examen et écroué après quarante-huit heures passées dans les locaux de la police.
L’hydre Caliweed dont les têtes repoussent sans cesse
Le réseau Caliweed est connu pour son marketing soigné et son utilisation des réseaux sociaux, ce qui en fait aujourd’hui une marque reconnue sur le marché du cannabis. De nombreux employés et dirigeants ont été arrêtés et plusieurs procès se sont tenus à Paris, à Bobigny et à Créteil depuis qu’il a été repéré par les autorités en 2019.
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À l’origine, les dirigeants de cette organisation criminelle n’étaient que les patrons d’un point de deal de Villejuif. Mais le packaging et le marketing qu’ils ont développés autour de leurs produits les ont finalement rendus célèbres. Le patron du réseau, Anas C. dit « le Gros », réfugié dans le royaume chérifien, a été condamné en décembre 2024 à Paris, à une peine de dix ans de prison avec un mandat d’arrêt. Mais il réside toujours au Maroc.