Le patrouilleur de haute mer (PHM, ex-aviso) Commandant Birot a regagné la base navale de Toulon après un déploiement de près de deux mois en Méditerranée. Si le vénérable bâtiment de la Marine nationale, âgé de plus de 40 ans, est appelé à reprendre la mer au printemps, il s’agissait là de sa dernière grande mission avant son retrait du service actif, prévu cet été.
Avant-dernier des 17 avisos français du type A69, dont il ne reste plus aujourd’hui que cinq unités en service, et bientôt trois seulement, le Commandant Birot a regagné sa base de Toulon le vendredi 28 mars après deux mois de mission à travers la Méditerranée, depuis sa partie occidentale jusqu’à son bassin oriental. Un déploiement placé sous le signe de l’OTAN, en première ligne face à la menace russe. Le PHM français a, ainsi, été intégré durant 56 jours au Standing Nato Maritime Group 2 (SNMG2), l’un des groupes navals permanents alliés en Europe. Dans ce cadre, explique la Marine nationale, il a « contribué à la posture permanente et réactive de l’Alliance dans la région » et participé à deux exercices majeurs de l’OTAN.
Avec tout d’abord Steadfast Dart, qui s’est déroulé du 13 janvier au 27 février et a constitué le premier déploiement d’ampleur de l’Allied Reaction Force (ARF) de l’OTAN. « Conçu pour réagir rapidement à toute détérioration sécuritaire au sein des États membres de l’OTAN, cet exercice a réuni 9 nations alliées, dont la France, et plus de 10.000 militaires. (Steadfast Dart) était composé d’un volet terrestre en Roumanie et d’un volet maritime en mer Egée. Le Commandant Birot a participé à ce dernier volet aux côtés du chasseur de mines tripartite (CMT) Capricorne et de 13 autres unités navales alliées de nationalités espagnole, italienne, grecque et turque, couvrant une large gamme de types de navires, des porte-avions aux sous-marins, en passant par des frégates anti-sous-marines et anti-aériennes. Les deux bâtiments français ont ainsi développé leur interopérabilité avec les autres nations alliées dans différents domaines de lutte en mer », détaille la marine française.
Photo prise à bord du Commandant Birot lors de Steadfast Dart. Le bâtiment évolue alors avec le bâtiment de projection espagnol Juan Carlos I, le pétrolier-ravitailleur italien Etna et une frégate turque du type Meko 200.
Puis, début mars, bien que dépourvu de moyens de lutte anti-sous-marine, le Commandant Birot a enchainé avec l’exercice Dynamic Manta. Cet entrainement majeur de l’OTAN, dédié au combat sous la mer, s’est déroulé au large de l’Italie. Dix nations alliées (Grèce, Espagne, Italie, France, États-Unis, Royaume-Uni, Turquie, Canada, Pays-Bas, Allemagne) ont mobilisé à cette occasion 9 unités de surface, 6 sous-marins et 13 aéronefs. Avec côté français, en plus du Commandant Birot, un sous-marin nucléaire d’attaque (SNA).
Le Commandant Birot pendant l’exercice Dynamic Manta, en mars, au large de la Sicile (d’où le pavillon italien arboré lors d’une escale à Catane).
Le Commandant Birot pendant l’exercice Dynamic Manta, en mars, au large de la Sicile.
Le Commandant Birot pendant l’exercice Dynamic Manta.
Au-delà de cet engagement au sein de l’une des forces navales de l’OTAN et de ces exercices, qui témoignent, selon l’état-major, du « haut niveau de préparation et de la détermination des alliés à défendre leurs frontières », le déploiement du Commandant Biot a permis de contribuer « à l’appréciation autonome de situation de la France en Méditerranée centrale et orientale ».
Le Commandant Birot dans le port de Catane, en Siciile, au mois de mars.
Une mission importante et un déploiement très riche donc, pour clôturer ou presque la carrière opérationnelle du Commandant Birot. Car l’ancien aviso va encore rendre de précieux services avant de prendre sa retraite, puisqu’il devrait assurer au printemps au moins une mission au large des côtes françaises dans le cadre de la Posture permanente de sauvegarde maritime (PPSM), a appris Mer et Marine. Il doit normalement être retiré du service cet été, tout comme l’un de ses derniers jumeaux encore opérationnels, le Commandant Ducuing, dont l’arrêt est prévu après une dernière mission Corymbe en Afrique de l’Ouest.
Mis en service en 1983 et 1984, les Commandant Ducuing et Commandant Birot font partie des trois derniers bâtiments de cette classe basés à Toulon. Après leur désarmement cette année, il ne restera plus sur la façade méditerranéenne que le Commandant Bouan. Quant à Brest, on n’y trouve plus que deux PHM opérationnels, l’Enseigne de vaisseau Jacoubet et le Commandant Blaison, qui datent de 1982. Tous seront désarmés d’ici 2027.
Longs de 80.5 mètres pour une largeur de 10.3 mètres et un déplacement de 1300 tonnes à pleine charge, les PHM sont armés par un équipage de 85 marins. Ils disposent d’une tourelle de 100 mm, deux canons de 20 mm, des mitrailleuses, un système surface-air à courte portée manuel Simbad, ainsi qu’un système de mini-drones de la marine (SMDM) basés sur des engins à voilure fixe Aliaca de Survey Copter.
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