Ils sont à leur plus haut niveau depuis 10 ans en Belgique. En France, certaines localités mettent en place des amendes spécifiques pour en dissuader les auteurs. Les commerçants britanniques parlent pour leur part d’une «spirale hors de contrôle». Les vols à l’étalage sont en nette augmentation à travers l’Europe, et le Luxembourg ne fait exception.

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«Nous sommes passés de 1.442 vols à l’étalage en 2022, à 1.824 en 2023 et à 2.000 vols en 2024», indique Marc Ragnacci, responsable du service national de prévention de la Police grand-ducale.

Ces statistiques ne portent que sur les vols pour lesquels une plainte a été déposée. «On suppose que beaucoup de vols ne sont pas déclarés», précise le commissaire spécialisé dans la prévention des infractions.

Derrière cette augmentation des larcins se cachent plusieurs réalités. Notamment celle de l’augmentation du coût de la vie. «Il s’agit d’un phénomène mondial. Les statistiques augmentent partout. Les gens sont de plus en plus nombreux à se retrouver à la rue. Ils n’ont pas d’argent et passent dans les magasins pour voler des choses», poursuit Marc Ragnacci.

Des voleurs bien organisés

Si la police répertorie le nombre de vols commis chaque année, elle ne dispose pas de statistiques concernant le type d’objets dérobés. Néanmoins, certains produits sont particulièrement plébiscités par les voleurs. «L’alcool fait partie des produits les plus volés, au même titre que les vêtements. Les personnes passent en cabine, enlèvent le système d’antivol et ressortent avec les tenues sur elles», explique le commissaire.

Ces groupes se rendent dans les magasins pour voler de l’alcool, des lames de rasoir, des appareils électroniques ou même des brossettes pour brosses à dents électriques, qui sont volés sur commande.

Marc Ragnacci

responsable du service national de prévention de la Police grand-ducale

Il existe également plusieurs types de voleurs. Les policiers distinguent la criminalité locale des actes commis par des groupes organisés, qui se rendent au Luxembourg depuis l’étranger dans le but de dérober certains types de denrées bien précises. «Ces groupes se rendent dans les magasins pour voler de l’alcool, des lames de rasoir, des appareils électroniques ou même des brossettes pour brosses à dents électriques, qui sont volés sur commande», indique Marc Ragnacci.

Dès qu’ils ont réussi à subtiliser les biens visés, ces voleurs expérimentés repassent rapidement la frontière dans le but d’échapper aux autorités. Une pratique désormais bien connue.

Des conseils sur les réseaux sociaux

À l’inverse, une nouvelle tendance liée au vol à l’étalage émerge. Celle des conseils pour «mieux voler», c’est-à-dire voler sans se faire repérer, distillés sur TikTok et autres réseaux sociaux. Dans leurs vidéos, de jeunes utilisateurs partagent leurs astuces pour subtiliser des produits malgré la présence de caméras de surveillance ou de vigiles.

Sur TikTok, plusieurs centaines de vidéos du genre sont répertoriées sous le hashtag #borrowtips, «borrow» signifiant «emprunter» en anglais, une volonté ici pour les créateurs de ces contenus de dissimuler leurs intentions criminelles.

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Voler lorsque l’on n’a pas de sac, voler en enlevant l’antivol, voler lorsque l’on porte une tenue à manches courtes… Dans ces vidéos, toute une panoplie de situations sont répertoriées, et les conseils adaptés en fonction. Les utilisateurs vont jusqu’à répertorier les enseignes où il serait, selon eux, plus simple de subtiliser des produits, en fonction de différents éléments, comme la disposition des caméras ou le système d’antivols utilisé.

Nous donnons des conseils aux magasins pour les aider à se prémunir contre cette délinquance.

Marc Ragnacci

responsable du service national de prévention de la Police grand-ducale

Interrogé sur le sujet, Marc Ragnacci indique être au courant de ce phénomène. «Pour y faire face, nous donnons des conseils aux magasins pour les aider à se prémunir contre cette délinquance. Nous les avisons, par exemple, de respecter une certaine hauteur pour les étalages afin de conserver une bonne visibilité, de mettre des miroirs dans les coins, ou encore de mettre les objets les plus chers près de la caisse ou dans une vitrine», détaille le policier.

Audits et formations pour les commerçants

Sur demande des commerçants, les agents se déplacent sur place et listent les points faibles des magasins dans un audit. «Après, il s’agit toujours d’une question de budget et de volonté, si le patron souhaite investir dans la sécurité ou non.» Le commissaire recommande tout particulièrement l’installation de bonnes caméras de surveillance, qui facilitent le travail des forces de l’ordre en cas de vol.

À noter que certaines sont même entraînées par une IA pour repérer les comportements suspects, et ainsi aider les commerçants à lutter contre les vols.

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Les policiers prodiguent également à la demande des formations pour le personnel des magasins, sur la manière de se comporter et de réagir dans les cas de vols ou de braquage. «De manière générale, nous conseillons aux commerçants de porter plainte rapidement dans une affaire de vol à l’étalage, afin d’avoir un résultat le plus rapidement possible. Nous avons remarqué que les équipes organisées passent dans plusieurs magasins, et les plaintes facilitent nos enquêtes», explique Marc Ragnacci.

Et que les voleurs en soient avertis: en cas d’arrestation en flagrant délit, ils prendront bien souvent la direction de la prison. «Souvent, si les auteurs sont pris en flagrant délit, ils sont présentés au juge et souvent écroués. Mais la sanction dépend de ce qui a été volé.»