Oleksandr Syrskyi risque des vies avec des ordres “à la limite de la criminalité”, déclare
Bohdan Krotevych, ancien chef de la brigade Azov, qui a quitté l’armée en février.
Il est sorti de son silence mardi pour vilipender la gestion de la guerre par l’état-major ukrainien.
En particulier les choix du général Oleksander Syrskyi, dont il réclame la démission.

Oleksandr Syrskyi “doit partir”. C’est en tout cas l’avis de Bohdan Krotevych : cet ancien commandant, qui a dirigé la brigade Azov jusqu’en février dernier, est sorti du silence pour fustiger la gestion de l’armée ukrainienne par son chef. Le général Syrskyi manquerait, selon lui, d’imagination stratégique sur le front où il mettrait en danger la vie des soldats.

Dans une interview, le vétéran a fustigé la gestion de la guerre par Syrskyi et les dirigeants en place, engagés dans une “micro-gestion manuelle de toute l’armée”. “J’ai commencé à recevoir du haut commandement de l’armée (…) des ordres qui devenaient de plus en plus à la limite du criminel, que, en toute bonne conscience, je n’étais pas capable d’exécuter et de suivre”, a poursuivi Krotevych. Ce vétéran a déclaré au Guardian (nouvelle fenêtre)qu’il avait “à 70 % décidé de quitter” l’armée ukrainienne car les commandants continuaient à “demander aux soldats des choses qu’ils ne se demanderaient pas eux-mêmes”. Ancien prisonnier de guerre, il est l’un des rares soldats en service à avoir le droit de quitter l’armée.

Ils ont encore l’esprit de la Seconde Guerre mondialeBohdan Krotevych

Cette figure de la guerre en Ukraine, âgé de 32 ans, a servi à Azov à partir de 2014. Il a survécu au dernier combat à l’aciérie d’Azovstal au printemps 2022. Capturé par les forces russes, il a enduré une courte période de captivité avant d’être échangé. Krotevych avait alors décidé de retourner au front, d’où il multiplia les critiques envers les autres commandants qui, selon lui, avaient été négligents pour la vie des soldats.

“L’état-major a ordonné que lorsque le quart de travail d’un soldat [sur la ligne de front] est terminé, il ne peut pas se reposer à l’arrière, mais à 50 mètres du front”, a détaillé Krotevych. Forcer les soldats à se replier si près du front mettait “tous ces gens en grave danger”, a-t-il soutenu. Il a accusé le commandement de l’armée d’être “criminellement coupable de ne pas comprendre les principes de la guerre actuelle”, et en particulier “le fonctionnement des drones FPV (dont la portée peut atteindre plusieurs kilomètres) et des bombes planantes”.

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“Ils ont encore l’esprit de la Seconde Guerre mondiale”, a taclé l’ancien soldat. Ce dernier envisage de créer une société privée, l’Agence stratégique opérationnelle et de renseignement (Soia), qui obtiendrait des renseignements sur la Russie, la Biélorussie, la Corée du Nord et d’autres pays hostiles à l’Ukraine et agirait comme expert de liaison avec l’Occident. Krotevych l’assure : il n’a aucune intention de se lancer en politique. “Je veux simplement déstabiliser la Russie pour qu’elle ne puisse plus faire la guerre”, estime-t-il. Contacté par le Guardian, l’état-major ukrainien n’a pas souhaité faire de commentaire.

T.G.