« Gauche caviar ».
« Vous me faites penser à cet Allemand qui disait que quand il entendait le mot culture, il sortait son revolver ».
C’est un euphémisme de dire que la récente réunion du conseil municipal d’Eu, en Seine-Maritime, a été tendue.
Pourtant, il ne s’agissait que de voter les budgets de la ville.
Trop de dépenses culturelles ?
La prise de parole de Stéphane Accard, élu d’opposition de la liste Ville d’Eu dynamique, a mis le feu aux poudres.
« Tous les chiffres de 2024 démontrent clairement que la culture est privilégiée au détriment d’une voirie sécurisée, de l’entretien du patrimoine et d’une santé de proximité avec une maison médicale pour notre commune, chef-lieu de canton de 7 000 habitants « .
Selon lui : « On peut simplement mieux gérer, mieux dépenser l’argent. Votre majorité ne fait pas correctement le travail là où elle est attendue ».
Vidéos : en ce moment sur ActuLa majorité fait bloc
Michel Barbier a soupiré : « Je ne vais pas répondre point par point, je vois que la campagne électorale pour les municipales est déjà lancée ».
Nous allons continuer à défendre le social, la culture, la santé, l’arrivée de nouveaux habitants. Nous allons continuer à travailler avec les commerçants.
Michel Barbier, maire de la ville d’Eu
Face à la diatribe de Stéphane Accard, la majorité a fait front commun pour défendre l’action de la municipalité, rejetant notamment l’idée que les travaux de voirie ne seraient qu’un pis-aller face au budget consacré à la culture.
Sébastien Godeman, adjoint au maire en charge du développement de la ville, a ainsi contesté : « En 2025, il y a déjà plus d’un million d’euros votés pour la voirie. Ce qui me chagrine quand je vous écoute, c’est que vous donnez l’impression qu’aucuns travaux ne sont faits dans la ville.
Selon vous, que font nos services techniques ? Ils travaillent quotidiennement ».
Les hostilités ont continué lors du vote du budget du Théâtre du Château. Béatrice Inzani, adjointe en charge de la culture, a déclaré : « Je suis fière de porter ce budget, de faire partie d’une équipe qui défend la culture bec et ongles. Je suis persuadée que cela peut apporter quelque chose à tous, dans un monde compliqué ».
Et de rappeler : « Le budget de la culture a été diminué drastiquement de près de 20 000 euros ».
Le 26 mars, Michel Barbier annonçait que l’année 2025, dernière du mandat, sera une « année active ». Il a assuré que « la municipalité poursuit un programme ambitieux pour améliorer la qualité de vie de ses habitants, dynamiser le territoire et préserver son patrimoine ».
Et d’ajouter : « Par des actions dans les domaines de l’urbanisme, de l’éducation, du patrimoine, de la culture et du sport, la ville cherche à répondre aux défis du présent et à préparer un avenir prospère pour tous ses citoyens ».
C’est la feuille de route que la municipalité souhaite concrétiser dans le budget voté le 10 avril. En termes d’investissements, cela représente 4 532 946 euros. Plusieurs études et travaux sont envisagés pour le patrimoine historique : la mise au tombeau de la collégiale, l’Hôtel-Dieu, la salle de la Sellerie ou encore la sécurité incendie du château. Divers chantiers de voirie sont aussi programmés, notamment la mise en sécurité de passages piétons et la rénovation de la route de Beaumont. Une plaine de jeux doit être aménagée au stade Franchet.
Enfin, des investissements sont prévus pour la modernisation de l’éclairage public.
Pas assez pétillant ?
Les échanges avec le groupe Agir pour Eu. x ont été, en comparaison, plus calmes.
Avec 200 000 euros d’économies sur l’éclairage et 300 000 euros de recettes supplémentaires, nous pouvions nous attendre à un budget plus pétillant.
Hervé Adam, conseiller municipal, du groupe Agir pour Eu.x
Hervé Adam a surtout critiqué « un manque d’ambition pour attirer de nouveaux habitants dans notre ville, pour contrer la baisse de population et le vieillissement, ce qui a des conséquences pour nos écoles ».
Michel Barbier lui a répondu en énumérant plusieurs projets immobiliers, notamment celui du nouveau quartier au Mont-Vitot.
Le budget a finalement été approuvé, avec six abstentions et un vote contre de l’opposition (celui de Joël Duchaussoy).
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