La mission s’est déroulée dans un climat tendu. “Je ne pense pas avoir jamais eu une expérience aussi difficile dans des discussions avec les représentants de partis de la majorité ou les représentants des autorités”, a décrit Sophie Wilmès. “Même des questions neutres sur le fonctionnement faisaient l’objet d’attaques.”

La délégation s’est entretenue avec des parlementaires, y compris de l’opposition, avec le maire de Budapest ou un ministre délégué aux affaires européennes. Les ministres de la Justice et de l’Intérieur ont refusé de les rencontrer. Par ailleurs, une vingtaine d’ONG ont participé à différentes discussions.

La sortie de Sophie Wilmès a-t-elle énervé Georges-Louis Bouchez au point de claquer la porte des négociations ?

Au terme de ces rencontres, Sophie Wilmès a fait part de ses “fortes inquiétudes”. Elle a pointé la multiplication des modifications de la constitution via des procédures d’urgence et l’utilisation d’une majorité des deux tiers, dont le régime de Viktor Orban dispose, pour justifier des atteintes aux principes démocratiques.

Dernier exemple en date: un amendement déclarant que le droit des enfants prévaut sur tous les autres. Un texte qui, selon les observateurs, vise à faire interdire la Budapest Pride – la Marche des fiertés organisée chaque année pour défendre les droits des personnes LGBTQI+. Les défenseurs des droits redoutent que cet amendement ne serve de prétexte à une interdiction plus large des rassemblements publics, réduisant au silence toute forme de contestation.

Lors d’une conférence de presse, la présidente de la commission des libertés civiles (LIBE) au Parlement européen, Tineke Strik (Verts), a regretté l’absence d’améliorations par rapport à la situation soulignée dans différentes résolutions du Parlement européen. “On observe une tendance inquiétante à l’érosion, notamment en ce qui concerne l’indépendance du pouvoir judiciaire, la liberté des médias, la liberté académique et l’espace critique de la société civile”, a-t-elle déclaré.

À la fin de sa mission, la délégation a demandé à la Commission européenne de prendre des mesures pour garantir la possibilité aux dissidents de se rassembler pacifiquement, et permettre la tenue de la Marche des fiertés le 28 juin.

Les cinq députés auront l’occasion de partager leur expérience avec les ambassadeurs des États membres avant que le sujet de l’État de droit en Hongrie ne soit abordé le 27 mai prochain lors d’un Conseil Affaires générales.

Sophie Wilmès: “Dans ces conditions, c’est impossible pour nous d’approuver la Commission von der Leyen”