Un rayon de soleil durant cent vingt secondes puis un gros nuage s’étirant sur plus de cinquante minutes. Les Tricolores avaient-elles déjà la tête à Twickenham, où les attend samedi prochain la « finale » du Tournoi des Six Nations, Grand Chelem en jeu, face aux favorites anglaises dans un stade bien garni ? Avant ce dernier round en apothéose, il y avait cependant une mission à remplir. Une mission largement à leur portée : dominer les Italiennes ce samedi dans leur petit stade champêtre Sergio-Lanfranchi de Parme, devant une assistance confidentielle, quelques centaines de spectateurs tout au plus.
Malgré un départ idéal avec un essai dès la deuxième minute de l’ailière Joanna Grisez décalée sur un mouvement limpide des trois-quarts, les Bleues ont très vite bafouillé. Elles n’ont dû leur salut qu’à une obsession des Italiennes à jouer frontalement pour s’imposer (21-34) finalement, bonus offensif en poche. Le carton jaune de la deuxième ligne Madoussou Fall (8e) pour un plaquage haut a sonné comme un avertissement qui n’a pas été entendu.
Multipliant les fautes, laissant la possession du ballon aux Transalpines, les joueuses du duo Gaëlle Mignot – David Ortiz ont subi la loi d’une équipe misant sur la force de son pack sur les mauls pénétrants. Les Italiennes en ont abusé, ratant des essais tout faits en laissant les Tricolores se glisser sous les ballons dans l’en-but mais elles sont tout de même parvenues, au terme d’une domination sans partage, à prendre les devants au score grâce à trois essais de Vittoria Vecchini (18e), Aura Muzzo (26e) puis Silvia Turani (40e, 21-12), consécutifs à des pénaltouches. L’essai de Morgane Bourgeois sur une rare incursion française (29e) prouvant juste que les Bleues avaient les moyens de bousculer la défense italienne.
Un bonus offensif décroché in extremis
Ce qu’elles ont fait en seconde période en pratiquant un jeu simple mais propre et en se montrant agressives en défense. La troisième ligne Romane Ménager, d’un essai en force sous les poteaux, a permis aux Bleues de remettre les pendules à l’heure (21-22, 54e). La rencontre s’est alors équilibrée, débouchant sur un dernier quart d’heure de suspense marqué par les actions stériles des Italiennes et de trop nombreuses maladresses des Tricolores, symbolisées par la pénalité ratée, vingt mètres face aux poteaux, de Morgane Bourgeois (74e). Un suspense éteint à deux minutes de la fin sur une interception de Marine Ménager dans les vingt-deux mètres adverses pour l’essai du bonus, agrémenté à la dernière seconde d’un contre conclu par Alexandra Chambon (21-34).
« On s’est dit qu’il ne fallait pas paniquer à la mi-temps, a expliqué la trois-quarts centre Marine Ménager. On a su rester mobilisées. » Et c’est désormais une finale excitante face à l’ogre anglais qui les attend pour, qui sait, un premier titre dans le Tournoi depuis 2018 alors que les Red Roses restent sur six victoires consécutives dans la compétition.