Avec 4.137 alertes comptabilisées en 2024, le nombre le plus élevé jamais enregistré, le système européen d’alerte rapide Safety Gate a battu tous les records en matière de protection des consommateurs contre les produits dangereux, selon le rapport annuel de la Commission européenne.
Que ce soit au niveau européen ou du Luxembourg, la majorité de ces alertes concernent des produits cosmétiques: 36% en Europe, et même 79% au Luxembourg (sur 19 alertes émises en 2024, un chiffre faible dans l’absolu, mais relativement élevé considérant la taille de la population).
Du BMHCA dans les cosmétiques
97% des alertes sur les cosmétiques présentent un risque chimique: elles contiennent du BMHCA (butylphenyl methylpropional, ou lilial pour le nom commercial), un ingrédient de parfum synthétique largement utilisé dans différents types de cosmétiques. Interdit sur le marché de l’UE depuis mars 2022, le BMHCA peut en effet nuire au système reproducteur et provoquer une irritation de la peau.
À la suite des cosmétiques, les produits présentant le plus de risques pour la santé en Europe sont les jouets (15%), les appareils électriques (10%), les véhicules à moteur (9%) et les produits chimiques (6%). Au Luxembourg, ce sont les véhicules à moteur et les équipements de protection qui présentent le plus de risques (11%) après les cosmétiques.
Des substances chimiques dangereuses dans les produits
Quels risques présentent ces différents produits? Tirés vers le haut par les cosmétiques, la plupart des alertes concernent la présence de substances chimiques dangereuses (49% en Europe, 53% au Luxembourg): BMHCA dans les cosmétiques donc, mais aussi cadmium, nickel et plomb dans les bijoux ou produits chimiques synthétiques utilisés pour adoucir le plastique, par exemple dans certains vêtements.
Des substances chimiques peuvent aussi être présentes dans les liquides de vapotage ou dans les jouets, mais également dans les appareils électroniques: c’est le cas par exemple du plomb dans les soudures ou de paraffines chlorées à chaîne courte (PCCC) dans les câbles.
Des substances toxiques pour l’environnement
De tels produits présentent un risque non seulement pour la santé humaine, mais aussi pour l’environnement, car ils sont toxiques pour les organismes aquatiques à de faibles concentrations et s’accumulent dans la faune et chez l’homme.
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Au-delà des substances chimiques dangereuses, les alertes concernent aussi de manière fréquente des risques liés aux blessures (14% en Europe, 21% au Luxembourg). Il s’agit ici aussi bien d’accidents impliquant des véhicules à moteur que d’articles de puériculture ou de jouets qui ne protègent pas suffisamment les enfants contre les chutes ou les blessures.
Un système mis en place en 2001
Mis en place en 2001, le système Safety Gate vise à éviter que des produits non alimentaires (à l’exception des produits pharmaceutiques) présentant une menace pour la santé et la sécurité humaines (risques d’étouffement, de strangulation, de lésions auditives ou visuelles, de dangers causés par des produits chimiques) soient mis sur le marché.
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Le système, disponible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 et 365 jours par an, permet aux autorités nationales des pays membres d’échanger des informations sur les produits dangereux qu’elles ont trouvés sur leur marché national.
197 actions de suivi au Luxembourg
L’augmentation du nombre d’alertes, qui a doublé par rapport à 2022, reflète «les efforts accrus déployés par toutes les autorités nationales de surveillance du marché pour faire respecter la législation», constate la Commission.
Et si Safety Gate vise à signaler les produits non alimentaires dangereux et à prendre des mesures à leur encontre, le système permet aussi aux autres autorités de prendre des mesures rapides. Celles-ci doivent donc surveiller les alertes diffusées dans le système et vérifier si le produit identifié comme dangereux dans un autre pays est également disponible à la vente dans leur propre pays.
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En 2024, 4.279 de ces actions de suivi ont ainsi été validées et diffusées dans le système d’alerte rapide en 2024. Au Luxembourg, 197 actions de suivi ont été prises dans ce cadre, soit bien davantage que l’Allemagne ou la Belgique (respectivement 174 et 29) et à un niveau similaire à la France (199).
La vente en ligne désormais ciblée
Avec l’évolution des réalités du marché et des pratiques d’achat, comme l’achat en ligne, la législation européenne sur la sécurité générale des produits a dû s’adapter. Dans cette perspective, depuis la fin de l’année 2024, un nouveau règlement est entré en vigueur: désormais, tous les produits vendus dans l’UE en ligne ou hors ligne doivent être sûrs, quelle que soit leur origine.
Encore plus récemment, un accord a été trouvé pour mieux sécuriser les jouets: tous les jouets disposeront à l’avenir d’un passeport numérique afin d’empêcher les jouets dangereux vendus en ligne et hors ligne d’entrer dans l’UE.