La menace russe ne perd rien de son intensité, les États-Unis entretiennent le doute quant à leur engagement au sein de l’OTAN et le président Trump ne cesse de mettre la pression à ses alliés européens pour qu’ils augmentent leur budget de défense. Résultat, comme l’indique le site de Newsweek, les initiatives fleurissent. À commencer par celle dite du “mur de drones“, déjà évoquée il y a plusieurs mois par certains dirigeants de l’alliance nord-atlantique.

Un mur de surveillance de la Norvège à la Pologne

Comme son nom le laisse entendre, cette stratégie implique le déploiement de plusieurs couches de drones formant une ligne ininterrompue de surveillance, de dissuasion et de défense sans pilote allant de la Norvège à la Pologne. Reposant sur des technologies de pointe, notamment la présence d’une ou plusieurs intelligences artificielles, ce réseau devrait être capable de signaler la moindre incursion dans la zone d’influence de l’OTAN.

Les plus beaux labyrinthes d’Europe

Ce mur de drones pourrait en effet s’avérer plus efficace que les systèmes de surveillance traditionnels pour repérer des incursions hostiles ou des techniques de guerre dite non-traditionnelle, particulièrement dans certaines zones grises du territoire couvert. Or, les différents conflits de ce premier quart de XXIe siècle ont prouvé qu’il s’agissait de la stratégie de prédilection de la Russie de Vladimir Poutine.

Un revirement européen

Mené par l’Allemagne et soutenu par de nombreux pays de l’OTAN, ce plan constitue une innovation à bien des égards. Tout d’abord, il s’agira du plus grand déploiement de drones de surveillance et de défense anti-drone de ce type. Selon les dirigeants de l’OTAN, cités par nos confrères américains, il s’agira également d’un outil de dissuasion massive ainsi que d’une réponse rapide aux évolutions de la guerre moderne.

Ce mur de drones illustre également le changement de stratégie brutale d’une Union européenne et d’une Europe qui se sont longtemps montrées prudentes quant à leur engagement militaire. Mais l’arrivée au pouvoir du président Trump semble avoir eu plus d’effet encore que l’invasion de l’Ukraine par la Russie sur la gestion de la défense du Vieux Continent. Le chancelier allemand entrant, Friedrich Merz, a d’ailleurs fait du réarmement de son pays une priorité face à ce qu’il qualifie de “menace russe” et a fait passer des réformes majeures permettant des dépenses de défense illimitées, toujours selon Newsweek.

Des travaux déjà engagés

L’Allemagne s’est d’ailleurs engagée à soutenir des constructeurs nationaux et européens, comme Quantum Systems, pour la construction de plusieurs centaines de drones chaque jour. Du côté de l’Estonie, très préoccupée par le sujet à cause de son histoire et de sa proximité avec la Russie, c’est un cluster de l’industrie de la défense estonienne qui est à la manœuvre en coordonnant les contributions d’entreprises technologiques locales. Pour d’évidentes raisons de sécurité et de souveraineté, tous les systèmes du mur de drones seront produits par des pays appartenant à l’OTAN ou faisant partie de ses plus proches alliés.

La Pologne, qui se trouve aux avant-postes d’une éventuelle confrontation avec les forces armées russes voire biélorusses, a déjà lancé des travaux s’inscrivant dans le cadre de la défense européenne. Ceux d’un réseau d’infrastructure de surveillance fortifiée de 700 kilomètres de long. Il reste à espérer que ce plan, parfois appelé Bouclier oriental ou Shield-Est, ne connaisse pas un destin de ligne Maginot 2.0.